J moins 3 mois. Billet d’avion dans la
poche, le temps s’accélère.
Revoici les listes. Listes de ce qu’il faut
acheter, de ce qu’il ne faut surtout pas oublier, de ce qu’il faut commander, de
ce qui doit absolument entrer dans les valises — du nouveau pilote électrique
au régulateur solaire de rechange, en passant par un peu de dyneema (encore!),
quelques lampes frontales et plein de trucs et de machins.
Liste de ce qu’il faudra trouver sur place
— des bottes ? les miennes étaient tellement mortes-cuites, fendues de partout,
qu’elles ont passé à la poubelle en arrivant à Valdivia en avril; une rallonge
de cheminée ? de l’antifouling ? une nouvelle antenne ? une VHF portable ? il
paraît qu’on ne peut pas transporter la VHF en soute à cause de la batterie ...
La préparation de la suite du voyage passe
aussi par les lectures. Cet été, j’ai potassé le guide “italien”, celui qui décrit toutes les caletas, mouillages et
anfractuosités des canaux de Patagonie. En ce moment, je relis les livres
de Luis Sepulveda et Francisco Coloane.
La Huamblín laissa derrière elle les courants
redoutables du Golfe de Penas pour s’engager dans le majestueux canal de
Messier et s’aventura dans le labyrinthe d’îlots de l’Angostura Inglesa, qui ne
peut être emprunté que par un seul bateau à la fois. Et un soir enfin, la
Huamblín jeta l’ancre dans les eaux de Puerto Eden, enclavé sur la rive nord du
Paso del Indio.
Puerto Eden doit probablement son nom à la fabuleuse
beauté du site. A l’extrémité du canal Messier, bordé de hautes murailles
grisâters, le courant enfle comme une veine pressurée et le sombre couloir
monumental débouche sur un monde nouveau, primitif, où règne une nature d’une
luxuriance grandiose et indomptée. Après l’imposante austérité de la roche, les
îles verdoyantes de Puerto Eden offrent le spectacle d’une splendide oasis qui
semble récemment sortie des eaux, et où le voyageur s’attend à rencontrer les
premiers hommes.
Francisco Coloane — Tierra del Fuego
Je me pâme aussi devant les photos de
Gregory Korganov. Il a visité la Patagonie terrienne, mais cela ne fait rien.
Les paysages et les gens, terres et visages sombres et burinés, sont
magnifiques.
Et il ne faudrait
pas oublier Pablo Neruda.
J’ai été le jeune
monarque
au pays de ces
solitudes,
un monarque obscur qui
eut pour royaume
le sable, les arbres,
la mer, le vent âpre:
l’espace, mû par le
baiser
du sel, à découvert,
à grands coups de vent liquide et
amer,
j’allais, j’allais, je suivais l’infini.
Dans les moments de libre, entre
élaboration de listes, vie trépidante, préparation de mes cours d’anglais et
d’allemand, correction d’évaluations, sans oublier la confection de cookies,
tartes aux pommes et confitures — il faut bien vivre ! — nous apprenons
l’espagnol.
Je dis nous car: Mahaut prend des cours tous les mardi soir, Thibault s’est inscrit à un cours intensif à l’uni de Lausanne, et moi, ben... j’ai trouvé des cours sur Internet. On ne rit pas, merci. Dès que j’ai une petite, toute petite minute, je me rue sur une vidéo en espagnol, je fais des exercices en ligne et même si cela me prend une heure pour écrire un texte de 5 lignes, j’écris des mails et des cartes postales à mes amis chiliens et équatoriens.
Je dis nous car: Mahaut prend des cours tous les mardi soir, Thibault s’est inscrit à un cours intensif à l’uni de Lausanne, et moi, ben... j’ai trouvé des cours sur Internet. On ne rit pas, merci. Dès que j’ai une petite, toute petite minute, je me rue sur une vidéo en espagnol, je fais des exercices en ligne et même si cela me prend une heure pour écrire un texte de 5 lignes, j’écris des mails et des cartes postales à mes amis chiliens et équatoriens.
Bref, comme toujours, il me – nous faudrait
30 heures dans une journée et 20 mois par année. Dire qu’il y a des gens qui
s’ennuient !
Joya