samedi 2 novembre 2013

Double revanche sur les sentiers


Comme vous le savez, j’avais une revanche à prendre sur les sentiers de randonnée de La Gomera après les mésaventures de cet été. Alors voilà, c’est fait. Et doublement.
Pour quitter San Sebastian pour les montagnes, il faut d’abord prendre le bus. Ici, ce sont de petits véhicules vert pomme qui s’appellent guaguas — peut-être parce qu’ils sont devenus dingues à force de tournicoter ? Jeudi, notre conductrice, un quarantenaire joviale, fonçait dans les virages comme une vraie conductrice de rallye, n'hésitant pas, au besoin, à doubler un autocar un peu trop poussif à son gré. Le guagua était plein de mamies avec de gros bouquets de fleurs. Je ne sais pas si c’était un hasard, le jour des fleurs ou la Toussaint toute proche, en tous cas, c’était joli.

A 980 mètres d’altitude, après 25 minutes de virages dignes des vallées valaisannes, voici Degollado de la Peraza. Comme c’est le premier point de vue où tous les cars de touristes et toutes les voitudres de location s’arrêtent, le guagua stoppe en double file pour nous laisser descendre. Du fait du vent (35 noeuds bien tassés) et de l’altitude, nous avons bien perdu 10 degrés: nous ne nous attardons donc pas à admirer la vue. Et nous — j’ai fait la balade avec Pierre et Jean-Pierre, deux Vaudois rencontrés ici et en route pour le Brésil — voici partis pour une descente d’un peu plus de trois heures le long des crêtes. 

Un paysage somptueux et spectaculaire se déploie devant nous. Nous descendons vers San Sebastian sur des sentiers qui sont, oh miracle, balisés, entretenus, et même parfois pavés.

Aujourd’hui, changement de temps: ce matin il faisait un temps magnifique sans.... croyez-le ou non, le moindre souffle de vent. Du coup c'était le sauve-qui-peut général à la marina. Au moins 10 bateaux ont profité de l’accalmie pour continuer leur route et moi, qui attends mes équipiers, je suis partie marcher dans la montagne.

Parce qu’il y a une autre balade qui me faisait envie: celle qui part aussi de Degollado  mais descend dans la vallée plutôt que de longer les crêtes. Lorsqu’on est au fameux point de vue où nous ne nous sommes pas attardés l’autre jour, on voit tout en bas dans la vallée deux lacs verts qui scintillent. Comment résister ?

Après une descente casse-pattes droit-en-bas dans la vallée, on arrive à Laja dont on voyait depuis là-haut les maisons comme de petits points blancs. Bientôt le chemin cède la place à la route goudronnée et il n'y a plus que 12 km de marche pépère pour arriver à San Sebastian. On est au fond de la vallée, fertile et cultivé: des manguiers chargés de fruits partout le long de la route, du manioc, des cultures maraîchères, des palmiers.


Et les fameux réservoirs d'eau verte, construits comme des barrages suisses. Je verrai en descendant qu’ils servent à irriguer les bananeraies et les vergers de manguiers situés plus bas.



En cours de route j'ai rencontré un Allemand très émacié, petites lunettes rondes et t-shirt vert, qui m’a raconté son programme d’enfer: il y a deux jours, rando à La Palma (l’île au nord ouest de La Gomera); aujourd’hui, après être descendu comme moi de Degollado à Laja, il allait prendre à gauche et remonter tout au sommet de l’île, sur le Garanojay. Ce soir, il traversait en ferry pour Tenerife où, demain, il va grimper au Teide, le plus haut sommet d’Espagne (mais pas en téléphérique, s’il vous plaît). 
Et lundi ? Ben lundi, il bosse. A Mainz... Il m’a aussi raconté qu’il connaissait bien le Valais, avait fait le Mont-Blanc et était allé, au printemps dernier, grimper en Bolivie et au Chili ! 
Y’en a qui ont une de ces vies...

Joya

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