La valise trône au milieu de ma
chambre, entourée de tous les habits que je ne vais pas prendre
avec, des appareils qui sont toujours en train de charger, des livres
que je dois laisser ici faute de place... Cette fois, c'est du
sérieux. Demain matin, réveil à trois heures et demi pour arriver
à l'aéroport à quatre heures. Un premier avion jusqu'à Paris,
puis un vol intercontinental jusqu'à Point-à-Pitre et enfin un
petit vol local jusqu'à St-Martin. Cela va être une longue
journée...
Je vais enfin retrouver le bateau Sir
Ernest et ma maman chérie. Mon père et mon frère m'accompagne pour
les vacances. Ensemble nous traverserons la mer des Caraïbes pour le
Canal de Panama. Ensuite, ce sera le plongeon dans le grand bain,
sans mauvais jeux de mot. Joya (oui, je sais, c'est étrange
d'appeler sa mère par son prénom mais c'est comme ça) et moi
seront seules pour rejoindre les Galapagos puis l'île de Paques et
enfin le Chili. J'ai tellement hâte ! Et pourtant...
Et pourtant, tant de sentiments
contradictoires bouillonnent en moi... De l'appréhension, quand
même. Parce qu'on ne plonge pas vers l'inconnu sans un petit peu de
crainte. De la tristesse, parce que je laisse tous ceux qui me sont
chers derrière, même si ce n'est pas pour très longtemps. De la
joie intense aussi. Retrouver l'océan, les tropiques, la chaleur. Je
vais pouvoir remettre des shorts, je n'aurai plus besoin de ma grosse
doudoune ! Et puis, pouvoir enfin serrer ma maman dans mes bras.
Mine de rien, c'était long cette séparation.
Je ressens surtout de l'incrédulité.
Malgré toute la logique qui me prouve le contraire, je suis encore
persuadée que je dois aller demain matin en cours de math, puis en
géo et en bio. J'ai encore du mal à accepter que je pars pour de
bon, que tout ça n'est pas un grand délire ou un rêve très
réaliste et très long qui se terminera quand je me réveillerai. Le
Voyage n'est plus quelque chose d'abstrait. Les Galapagos ne seront
bientôt plus un point sur une carte mais une réalité. J'ai du mal
à y croire... Mais cela va être tellement génial, tellement fou,
tellement intense ! Bientôt, le déni idiot dont je n'arrive
pas à me débarrasser va tomber et je vais enfin pouvoir profiter de
cette magnifique réalité qui m'attend.
Alors voilà, adieu Genève, adieu tout
le monde. Souhaitez-nous bon vent et on se retrouve dans quelques
mois. N'oubliez pas de venir ici prendre de nos nouvelles de temps en
temps et de lire tout ce qui a déjà été écrit.
A bientôt,
Mahaut
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