lundi 13 janvier 2014

La traversée du Canal comme si vous y étiez

Sir Ernest est dans le Pacifique. Voilà, ça y est, nous sommes de l’autre côté !
Laissez-moi tout vous raconter, depuis le début.

Passage du canal de Panama, premier jour.

1. Le Flat
Nous avons quitté Shelter Bay marina à 14h, vendredi après-midi, pour nous rendre sur le Flat. Il s’agit d’une zone de mouillage qui se trouve près de la tour de contrôle et où nous attendons l’arrivée de notre transit adviser.  Il y a déjà trois bateaux ancrés: un grand ketch, un catamaran bardé de pneus et un gros yacht à moteur. A vue de nez le cata devrait être notre partenaire pour ce transit. Let’s see...

Une demi-heure après l’heure dite, une pilotine arrive à fond la caisse: elle dépose les advisers sur leurs bateaux.

Hello, I’m Santiago, I’m here to help you with the transit.
Ok, let’s go. You can start the engine.

C’est parti !

2. En route pour la première écluse
Il y a environ 6 milles jusqu’à la première écluse. Nous devons y être à l’heure dite,  c’est à dire 17h30 aujourd’hui, pas trop tôt pour ne pas faire inutilement des ronds dans l’eau et surtout pas trop tard. Nous croisons des cargos de très très près, nous nous faisons dépasser, c’est impressionnant.


3. Les écluses de Gatun
Ce soir, nous allons faire monter Sir Ernest en altitude ! Il y a trois écluses montantes, pour passer du niveau de la mer à celui du lac Gatun. Arrivant à la première écluse en fin de journée, nous finirons le transit dans la nuit noire.
Juste avant d’entrer dans la première écluse, nous nous mettons à couple avec le catamaran. Comme il a deux moteurs, c’est lui qui assurera notre propulsion. L’adviser à son bord a l’air très compétent, le nôtre est un capitaine de remorqueur très calme et rassurant. Nous sommens entre de bonnes mains.  Rien à faire d’autre que de suivre leurs instructions.


A bord, nous avons les 4 très grosses aussières  obligatoires, nous avons bardé Sir Ernest de 8 pneus en plus de nos pare-battages et nous avons embarqué Eric, un jeune handliner qui a déjà transité plus de 300 fois. Il est super attentif et efficace.  Je regarde ce qu’il fait et je l’imite. Reste malgré tout un petit pincement d’inquiétude.

Le cargo rentre le premier dans l’écluse (the chamber) aidé par un remorqueur. Une fois dedans, il sera tiré par des locomotives.  Vient ensuite le yacht à moteur,  qui s’amarre à la paroi de droite et enfin nos deux bateaux amarrés ensemble qui se placent au milieu de l’écluse. 
Vite-vite, sans perdre de temps, il faut attraper les pommes-de-touline lancées depuis en haut, y amarrer nos grosses cordes bleues et renvoyer le tout. 


A peine le temps de finir la manoeuvre que l’écluse se remplit. A toute vitesse, avec de gros remous, cela tire fort sur les taquets d’ammarrage !

Nous répétons la manoeuvre trois fois. Et c’est dans la nuit noire que notre adviser nous dirige vers la grosse tonne à laquelle nous allons nous amarrer pour la nuit.



Passage du Canal, deuxième jour.

Le lendemain matin, debout à 6 heures, à l’aube , car notre nouvel adviser est censé arriver à 6h 30. A l’heure dite, personne. Le temps passe. Toujours personne. Sur le catamaran on s’active: nettoyage du bateau au jet et séchage à la peau de chamois... c’est pas sur Sir Ernest qu’on ferait cela. Finalement à 8 heures, n’y tenant plus,  je réveille Eric qui dort toujours.  Il nous informe alors qu’il a eu hier soir un appel de Roy l’informant d’un changement de programme. L’adviser ne viendra pas avant 8h30...
Gasp ! Thibault et Solenn doivent prendre l’avion en fin de journée, ce retard ne me dit rien qui vaille.

1. Arrivée des advisers et traversée du Lac Gatun
Voici les advisers. Aujourd’hui c’est Franklin,VHF en bandoulière et air très concentré. 
On sent qu’il veut bien faire les choses. En route pour la traversée du lac Gatun, 25 milles de chenal  — c’est magnifique.  Paisible.
 
2. Les écluses de Miraflores
Cette fois, nous sommes devant un gros cargo très large, il touche presque les parois des écluses. Du coup les manoeuvres prennent du temps et nous piaffons d’impatience. La descente est beaucoup moins stressante que la montée. On a le temps de s’amarrer tranquillement, l’eau descend sans faire de remous, et en plus, c’est presque devenu de la routine.
J’apprends que tous les advisers sont des employés de la Compagnie du Canal, qui font ce travail sur leur temps libre. Ils n’ont pas vraiment le choix, c’est une condition d’engagement. Franklin travaille normalement dans un bureau, mais l’adviser de notre voisin est pilote pour les cargos. Nous sommes encore une fois dans de bonnes mains ! Et c’est sûr, ils connaissent leur affaire.

3. El Pacifico !
Les portes s’ouvrent et nous voici dans le Pacifique. La pilotine vient chercher Franklin, le cargo avec lequel nous avons partagé l’écluse nous dépasse, nous déposons Eric, les amarres, les pneus, Solenn, Thibault et leurs sacs sur une lancha à la zone de mouillage de Balboa... Il leur reste moins d’une heure avant le départ de leur vol, il faudrait un miracle. Soudain, il n’y a plus que Mahaut et moi à bord de Sir Ernest.


Nous avons failli commencer le voyage en nous plantant en beauté dans un banc de sable. Une marche arrière vigoureuse de Sir Ernest, pour une fois de bonne volonté, et nous évitons le pire – parce que bien entendu, nous sommes à marée descendante !
La nuit tombe rapidement et il nous faut trouver le mouillage de Playita, un peu plus loin au sud.  Nous mouillons un peu à l’aveugle dans la nuit noire. Petit calcul express: on est à marée basse, il y a 4 mètres de marnage, combien dois-je mouiller pour me sentir bien ? Facile ! 30 mètres...

Solenn et Thibault ont raté leur avion, ce qui était un peu prévisible. Retour en taxi depuis l’aéroport (40$ aller – 40$ retour....) et nous gonflons l’annexe pour aller les chercher au bord.  

Ha ha, c’est l’aventuuuuure ! 

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