mardi 17 février 2015

Chiloé de mes rêves

Sir Ernest est à Chiloé.
Nous sommes partis mardi 10 février de Valdivia en direction du Sud. Larguer les amarres, quitter nos amis, n’a pas été chose facile. Nous avions tous les larmes aux yeux et c’est le coeur bien gros que nous avons rangé les pare-battages et fini d’arrimer tout ce qui devait l’être.
Après 24 heures de bagarre au moteur contre un vent du sud qui a fini par s’éteindre complètement , nous avons attendu le lever du jour à l’entrée du Canal Chacao, entre le continent sud-américain et l’île de Chiloé.  Car comme d’habitude, nous sommes arrivés... de nuit, et nous ne voulions pas nous lancer dans ce passage, même s’il est balisé, sans rien y voir. Et comme en plus, il est impossible de passer à contre-courant, nous avons attendu la renverse en tirant des bords à 5 milles au large.
Au lever du jour, nous nous sommes engagés prudemment dans un canal qui, finalement, s’est avéré bien plus grand et plus large, que prévu.
Le canal Chacao, vu de l'est.
Nous voici donc à Chiloé. Encore un endroit dont le seul nom me faisait rêver !
C’est une grande île de 200 km de long où il pleut 250 jours par an, disent les mauvaises langues. Depuis que nous sommes là, il fait un temps radieux.
C’est fou ce que Chiloé nous rappelle le Golfe du Morbihan. On se croirait entre Port Navalo et l’île d’Ars. Et puis, finalement, non. Il y a des salmoneras et des fermes ostréicoles absolument partout, les maisons sont couvertes de bardeaux et leurs toits de tôle brillent au soleil, des prés fauchés de près déclinent toute la palette des verts dorés.
Nous avons mouillé pour la première nuit dans la Bahía Linao, un lagon circulaire, tranquille, habité par des pélicans et des pingouins de Magellan. Petit paradis caché derrière la rangée de bouées d’une ferme marine.
Bahía Linao
La nuit suivante, nous avons ancré à Dalcahue (prononcer dal-ca-hué), petit port de pêche très actif. C’était la fête: concerts en plein air et feu d’artifice !

Ici, l’amplitude de marée est importante, de l’ordre de 5 à 6 mètres.  A Dalcahue, à marée presque basse, un coup d’oeil machinal sur le sondeur me fait sursauter... euh... 1m 60 ?! C’est pas beaucoup ça... pour le tirant d’eau de Sir Ernest qui est de 1m65. Il ne devait pas rester beaucoup d’eau sous notre quille. 

Dalcahue — et un ciel comme on en voit par ici
Maintenant nous voici à Castro, capitale de Chiloé.
On se dit: c’est le bout du monde, il ne doit pas y avoir grand chose, mieux avoir bien anticipé... Erreur !
Castro, c’est la ville. Un peu comme Mahon, à Minorque, pour ceux qui connaissent. Les plaisanciers en moins, la gentillesse chilote en plus. Grouillante de monde, pleine de jeunes chiliens chevelus sac au dos. Des supermarchés, des ferreterias, des magasins de fringues, une grande feria — marché de poissons, légumes et souvenirs.
Ce qu’on peut ramener de Chiloé ? Des pulls et des ponchos, des chaussettes tricotées main, des poupées de laine, de magnifiques écheveaux aux teintes végétales qui m’auraient ravie il y a 20 ans, des paniers ajourés qui me font de l’oeil. Les dames chilotes qui tiennent les étals ont toujours un tricot à la main.
L'hòtel Unicornio kitchissime juste en face du mouillage
Nous repartons bientôt. La météo nous annonçait un mauvais vent pour descendre plus au sud — mais comme souvent ici, la réalité ne ressemble pas du tout aux prévisions.
Dernier contretemps, j’attends (encore, je n’ai pas perdu espoir!) le fameux paquet envoyé de Brême par UPS qui dort quelque part à Santiago. Tant que nous sommes à Chiloé, je peux encore prendre le bus — 8 heures de trajet aller! — pour aller le chercher à Valdivia, s’il daigne arriver dans les 2 jours. Après, il sera trop tard.
Alors on croise les doigts et on fait chauffer gmail. Je vous jure que c'est bouillant !

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