dimanche 26 avril 2015

Les pièges flottants du Pacifique: à la lutte contre le polypropylène

Hier,  au milieu du Carnegie Ridge, nous nous sommes pris, par deux fois, des filets dérivants. J'étais en train de somnoler, vers 14h, quand j'ai été sortie de ma couchette par un couinement inhabituel. Je sors, rien, sauf peut-être le bateau un peu plus abattu qu'avant. Donc je vais régler Roméo et là, O horreur, une longue traîne apparait derrière. Mais c'est un cordage vert ! Un cordage de pêche ! Qui passe sous le bateau !
Il passait effectivement par le milieu du bateau, un peu comme si Sir Ernest s'était posé dessus et j'ai pu l'attraper avec la gaffe et le couper. Le bateau brusquement libéré a fait un bond et hop, on est repartis. J'ai vu dans notre sillage un fanion se dresser soudain, avec un petit drapeau noir, comme les perches que les pêcheurs mettent pour signaler leurs casiers. En regardant bien, j'ai vu un autre fanion très loin sur ma gauche, puis, un moment plus tard, un autre sur ma droite. Il m'a semblé voir aussi un bateau de pêche, mais là je suis moins sûre, ou si c'était le cas il était très petit.

Bon on continue notre route, je regarde de temps en temps dehors à la recherche de fanions. Deux heures plus tard, je regarde dehors et juste devant l'étrave, un truc coloré. C'est quoi ? Une cannette de soda ? Un bout de plastique ? Non il y en a d'autres, vaguement alignés, c'est un filet !

Trop tard pour faire demi tour, d'ailleurs pour aller où ? On va passer au milieu... et cela n'a pas manqué, paf, nous voilà pris à nouveau. Par l'arrière, ancrés avec les flotteurs du filet dans notre sillage. J'affale tout (je venais de renvoyer la grand-voile pour avoir plus de vitesse !!). J'essaie d'attraper les bouts avec la gaffe (du polypropylene de 4mm vert) mais c'est trop profond. Je tremble de tout mon corps à l'idée, mais il faudra bien se résoudre à aller dans l'eau. Le bateau n'avance plus, il y a une grande houle et un peu de vent. Je mets l'échelle de bain à l'eau, la petite de derrière aussi. Un parre-battage au bout d'un cordage à l'arrière. J'attrappe un harnais dans le coffre du navigo, je l'enfile et l'attache avec un grand bout que je fixe au bateau.
Masque, tuba, couteau et plouf !

Le "petit" fil vert: l'objet du délit...
J'ai coupé le fil, puis un deuxième (cela faisait comme une boucle prise à la base du safran), puis retour à bord en vitesse, vite remonter tous les bouts et l'échelle, puis dérouler le génois pour se tirer vite fait de là. je ne voulais pas DU TOUT avoir affaire avec les pêcheurs auxquels je venais d'arranger à ma manière 2 filets...

Mais bon, des filets posés à fleur d'eau ?! Avec des relies flottantes en surface ?! Au milieu de nulle part à 250nm de Salinas et 230 nm de San Cristobal ?  On peut difficilement trouver une pratique moins professionnelle pour poser des filets dérivants. Peut-être des équipements de pêche abandonnés, à la dérive. Après cela, j'ai scruté la mer jusqu'à la nuit puis croisé les doigts.

J'espère bien que cela ne m'arrivera plus.
Joya
cauchemar en polypropylène...

2 commentaires:

  1. Nous pensons bien à toi et nous espérons que ça te donne du courage Bonne chance. Bises. Les Volpe

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  2. Hello Joya, j'espère que tu vas bien et que tu fais le plein d'images. Je te suis sur ton blog et je me réjouis à chaque fois de te lire. Prends soin de toi et à bientôt.
    Fais-moi signe quand tu es de retour à Genève...
    bises

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