Eh bien non. Pas pour moi en tous cas. Même si je n'étais pas seule à bord.
Vendredi 8 mai, à 6h30 du matin, le jour vient à peine de se lever sur Panama City que je suis dans mon annexe pour aller chercher mon équipe de handliners à terre, plus les pneus enveloppés de sacs poubelle, plus les 4 longues aussières en gros cordage flottant de 20 mm. Ils sont 4 jeunes Panaméens entre 17 et 25 ans, qui travaillent tous avec Roy Bravo, mon agent à Panama.
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De gauche à droite: Roy Bravo, Yoshi, Eric, Allan, Jonathan. |
Une fois tout le chargement à bord — après deux voyages à terre — nous plions l'annexe sur le pont. Il est juste temps de lever l'ancre pour nous rendre entre la bouée 4 et 6, où nous avons rendez-vous avec l'adviser qui va nous accompagner aujourd'hui.
C'est Francisco qui embarque à bord de Sir Ernest. Et nous nous mettons en route, à contre-courant, en direction de l'écluse de Miraflores où nous devons nous présenter à 9h précises pour entrer dans the chamber.
Francisco prend la barre et moi, je prépare le petit déj' pour tout le monde. Café à la ronde, lait, sucre, petits pains aux raisins.
Pendant toute la journée, je vais ainsi alterner entre préparation des repas et conduite du bateau. Heureusement, le repas de midi est prêt dans la cocotte-minute. Un énoooorme frichti à la mode de Jo, c'est à dire avec tout dedans.
Nous allons monter jusqu'au lac Gatun en partageant les écluses avec deux bateaux de touristes, deux remorqueurs et un bateau de pêche sportive. L'avantage, c'est que nous serons à couple d'un remorqueur, le Fanfán. Sauf qu'à chaque écluse il faut se désammarer, laisser passer le remorquer, le laisser se réamarrer dans l'écluse suivante, tout en avançant lentement sans se mettre travers dans le courant.
Rien que du bonheur.
Francisco nous annonce qu'il est prévu que nous entrions dans l'écluse de Gatun à 14 heures... en sortant de la dernière écluse de Miraflores à midi. Or, il nous faut traverser tout le lac Gatun, c'est à dire environ 21 milles de route... donc à moins de voler — ce que Sir Ernest n'a pas encore appris à faire — il nous sera impossible de respecter le timing. Nous devrons donc passer la nuit sur le lac.
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Allan à la barre sur le lac Gatun, avec Yoshi et Jonathan. |
Nous arrivons à 15h30 à la grosse bouée où nous nous amarrons pour la fin de la journée et la nuit. Il fait tellement chaud que sans plus attendre je distribue les serviettes de bain et tout le monde saute à l'eau. Ah... une baignade en eau douce, quel plaisir.
Mes quatre équipiers sont formidables. Sympas, compétents. On discute — dans mon espagnol lacunaire, qu'ils corrigent gentiment, je le leur ai demandé. Ils mangent. C'est de leur âge. Mais qu'est-ce qu'ils mangent ! Je passe mon temps au fourneau: il ne reste rien du frichti de midi, ce soir le menu prévoit pâtes à la sauce au thon-légumes. Encore une pleine casserole. En attendant, je distribue des barres de céréales pour les faire patienter. Le lendemain au petit déj', ils engloutiront deux pains en tranches, une plaque de beurre, un demi pot de confiture...
Nous voici donc au lendemain, 9 mai, pour passer les écluses de Gatun, celles qui vont nous faire descendre vers l'Atlantique. Et cette fois nous sommes center chamber, c'est à dire que comme nous sommes le seul voilier, nous sommes au centre de l'écluse, tenus par nos 4 bouts.
Mais pas seuls dans l'écluse. Juste derrière nous, un gigantesque transporteur de voitures remplit toute la place qui reste et il s'appelle, vous l'avez vu dans le post de Thibault: Lake Geneva.
Incroyable, non ?
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Le Lake Geneva entre dans l'écluse derrière nous. Il est tiré par les mules, les locomotives à gauche et à droite |
L'adviser qui embarque à 9h30 s'appelle José. Sympa, lui aussi. Il connaît plusieurs de mes compagnons, nous formons une bonne équipe. Je suis tendue, comme toujours, on ne se refait pas.
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José, adviser à la descente vers l'Atlantique. |
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Le Lake Geneva, plein de voitures neuves, nous dépasse. |
Presque à la maison, hein ?
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