dimanche 13 octobre 2013


Allez, c'est décidé. On repart !




En route pour le Pacifique ! Nous allons faire découvrir à Sir Ernest les eaux et les vents du Pacifique. Le projet est de faire le tour de l'Amérique du Sud en deux étapes. La première, en 2013-2014, va nous  emmener au sud du Chili.
C'est à dire que Sir Ernest va d'abord retraverser l'Atlantique (pour la 7e fois !), avant Panama et le passage du fameux Canal, puis le sud, direction les Galapagos, l'île de Pâques et finalement Valdivia à la porte des canaux de Patagonie. Une longue route un peu hors des sentiers battus, pas facile car elle se fera, en tous cas entre Panama et l'île de Pâques, contre vents et courants. Il nous faudra être patientes... car Sir Ernest aime mieux se dandiner au vent arrière que prendre des embruns dans l'étrave !

Remettre le bateau à l'eau après l'hiver a demandé une bonne quantité d'huile de coude, même si Sir Ermest, en vrai baroudeur qu'il est, est toujours prêt à prendre la mer.

Alors voici la liste des derniers travaux:

  • Une révision totale du moteur, avec nouveau démarreur, nouvelle pompe à injection, nouvelle tuyauterie, nouveaux filtres, bref... Mister Perkins-le-moteur a été bichonné et soigné.
  • Une nouvelle belle robe pour Sir Ernest. Des heures de ponçage pendant l'hiver sous le mistral pour ramener la coque au gel-coat; ensuite l'application de l'enduit epoxy; puis l'antifouling avant la mise à l'eau tant méritée... des heures et des heures de boulot ingrat pour un résultat tout à fait satisfaisant.
  • Installation d'une bouteille de gaz de 13 litres car les bouteilles bleues camping gaz ne se rechargent pas dans le Pacifique... et que nous aurons besoin d'autonomie.
  • Montage d'un chauffage au fuel puisque nous allons aussi naviguer dans les eaux glacées de la Patagonie chilienne.
  • Installation d'un anémomètre. Le modernisme nous rattrape.
Une fois le bateau à l'eau, nous n'avons pas traîné pour profiter d'une bonne fenêtre météo. Première étape de presque 500 milles jusqu'à Cartagena, en Espagne. Nous adorons cette ville, que nous connaissons bien maintenant pour y être allés plusieurs fois. Comme c'est un des seuls vrais abris naturels de l'ouest de la Méditerranée, on y trouve beaucoup de vestiges romains. Et d'ailleurs, le magnifique musée d'archéologie sous-marine vaut vraiment le détour. Le port de Cartagena est aujourd'hui encore le lieu d'une importante activité militaire, mais celle-ci n'est pas du tout préjudiciable à l'ambiance de la ville. C'est une "vraie" ville, qui ne dépend pas du tourisme pour vivre. Chaque été,   la Plaza del Ajuntamento fait la part belle à la musique, il y a des concerts tous les soirs ou presque, certains gratuits, d'autres payants. Si touristes il y a, ce sont d'abord des Espagnols.



Après Cartagena, destination Càdiz, à droite en sortant du détroit de Gibraltar. Pas d'arrêt à Gib' cette fois-ci. Nous avons passé le détroit vers midi, sous voile dans de bonnes conditions de vent et de courant. A la sortie, Sir Ernest a été cueilli par l'accélération de Tarifa: le vent est passé en l'espace d'un demi-mille de force 2 à force 6,  mer hachée par le courant, rafales.

Càdiz la belle Andalouse nous a beaucoup plu. La marina est à 20 minutes de marche de la ville, juste bien pour se dégourdir les jambes. Et c'est là qu'on apprécie le caddie Ikea à roulettes pour les courses et la recharge de bonbonne de gaz ! Le supermarché livre les courses au ponton et comme à Cartagena, il ne faut pas traîner si on ne veut pas que la camionnette soit là avant notre retour au bateau.

Nous ne nous sommes pas attardés à Càdiz, juste deux nuits avant de repartir pour les 800 milles de traversée vers les Canaries. Pas mal de moteur avant de toucher du vent frais en arrivant aux Canaries. La mer était bien blanche dans l'accélération entre Tenerife et La Gomera,  renforçant un nordet déjà soutenu. Sous trinquette seule Sir Ernest était tout fringuant.


Agrandir le plan

A l'ouest des Canaries, la Gomera
Nous avons choisi d'atterrir à la Gomera, escale plébiscitée par les navigateurs pour l'accueil de ses habitants et la beauté du site. C'est une petite île ronde et très montagneuse. Son sommet est couvert d'une forêt primaire (les Laurisilves) qui remonte au Tertiaire. Et de ce sommet à 1500 mètres descendent des vallées abruptes et vertigineuses qui s'abîment dans la mer. En haut, la forêt, sombre, dense, rafraîchissante, souvent noyée dans la brume. Sur les flancs des vallées, des champs en terrasses qui, au mois d'août, sont jaunes, desséchés, brûlés et pelés par le soleil. La terre est rouge, la poussière volcanique noire et grise roule sous nos pas. Sortis de la forêt, pas un gramme d'ombre, sauf, parfois, un palmier solitaire perché sur un piton rocheux. Il faut descendre plus bas, près du niveau de la mer, pour trouver la végétation tropicale — bananiers, manguiers, papayers, cultures maraîchères. Vues de loin les bananeraies sont d'immenses boîtes ocres. De près, on s'aperçoit que ce sont des serres composées d'une infinité de toiles rectangulaires cousues ensemble, qui protègent les plantations du soleil, du vent et des parasites.
La Gomera est un paradis pour les randonneurs. Du dénivelé, des sentiers escarpés, rien que du bon pour les Suisses que nous sommes... croyions-nous. Ah, gare aux orgueilleux !
Nous nous sommes perdus, déshydratés, épuisés en essayant de suivre un sentier qui n'existait que sur le papier de la carte de l'Office du tourisme mais se perdait rapidement dans la falaise. Et nous voici au milieu des cactus, sur des corniches minuscules même pas empruntées par des chèvres, à essayer de descendre dans la vallée tout là-bas en bas.



Voici la randonnée que nous voulions faire....
                                   Chipude - Erque - Erquito - Arguayoda - La Rajita - La Dama
Características:
Sendero lineal.
Longitud total: 13,8 Km.
Tiempo estimado total: 4h 35m.
Desnivel ascenso acumulado: 627 m.
Desnivel descenso acumulado: 1472 m.



Dificultad: Media ---- P
as d'accord du tout !!! Vous voyez le passage en violet-bleu à pic ?!


Après une demi-heure de descente périlleuse nous avons rebroussé chemin. Pour finalement faire tout le tour de la vallée, perdant le sentier pour en retrouver un autre, ou pas...(euh... au milieu d'un champ de broussailles desséchées et de roches acérées on voit tout à coup un petit empilement de cailloux et on se dit que c'est peut-être par là !). Le tout par 35 degrés sans ombre. Une aventure qui s'est heureusement bien terminée: nous avons rejoint Erquito après 6 heures de marche, où nous avons découvert, oh miracle, une source d'eau claire et fraîche.
Bref, la morale de cette histoire c'est qu'il n'est pas toujours évident d'interpréter les cartes et qu'il faut prendre assez à boire !
Deux jours plus tard, après avoir fini de ranger Sir Ernest qui allait rester seul pendant trois mois, nous avons pris l'avion pour Genève. Fin de cette première étape.



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