samedi 30 novembre 2013

Ils avancent !

   Yeah ! Le vent souffle à nouveau suffisemment ! Sir Ernest ne fait pas trop des siennes et il bouge ses hanches comme (je cite) "un prof de hip-hop trop fort qui ferait du ski ; trapu, lourdeau, mais tellement agile.
Alors, oui, si vous allez voir l'onglet CARTE, ci-dessus, vous verrez que le bateau se rapproche de plus en plus des côtes. Pas trop tôt, me direz-vous. C'est clair que pour prendre son temps, il a pris son temps. Et ce n'est pas faute d'avoir essayer. Nos marins se sont battus comme des bêtes pour le faire avancer alors qu'il n'y avait pas un souffle de vent.

  A bord, ils ont pêché un joli thon qui leur a fait du poisson tout frais. Le thon, c'est bon. Enfin, le thon c'est bon si on ne le laisse pas mariner trop longtemps. Malheureusement, Félix s'est chopé une intoxication alimentaire. Il avait des plaques rouges sur le corps. Mais pas de panique, il s'est fait vomir (désolée pour les détails gores) et les plaques ont immédiatement disparu. Joya et Elsa n'en ont pas mangé beaucoup donc tout va bien.
Quels émotions !

  Côté Genève, je commence à réaliser que je vais bientôt partir rejoindre Sir Ernest. Ça devient sacrément réel, toute cette histoire ! Ce n'est plus seulement une idée lancée en l'air, c'est un fait établi. Joya est presque arrivée de l'autre côté de l'océan, mon premier semestre d'école est presque fini, les billets d'avions sont joliment placardés sur le tableau de la cuisine. Bref, je commence doucement à réaliser que ce n'est plus du tout, mais alors plus du tout du tout, une simple idée abstraite.

C'est inquiètant, mais aussi tellement excitant, tellement dingue !

J'ai hâte d'y être, mais j'ai surtout hâte qu'ils arrivent enfin à bon port.


M.

vendredi 22 novembre 2013

Mi-traversée et cuisine

 Ça y est ! Nous pouvons enfin fêter la mi-traversé ! Le bateau avance enfin à nouveau bien et nous pouvons espérer finir par les voir atteindre l'autre côté. Sir Ernest est bien gentil, mais malgré tout, il faudrait bien finir par toucher la terre.
La tradition étant la tradition, Joya a fait un fondant au chocolat. C'est une récompense bien méritée. Le four marche à fond et l'odeur délicieuse du chocolat empli tout le bateau. Quel bonheur ! Elsa et Félix ont cuisiné leurs pieds de moutons séchés avec des patates et ils ont tous bu deux verres du vin alsacien que les équipiers avaient apporté.
Il parait que la cuisinière marche à fond. Exemples de plats :
  • Pizza faite maison
  • Riz à la mangue
  • Dorade au four sortie tout droit de l'océan
  • Riz ratatouille avec les dernières aubergine
L'ère des salades mêlées est terminée alors c'est désormais les salades de haricots et de lentilles qui commence.
Et oui, le frais n'est pas inépuisable, il faut se décider à ouvrir les boites de conserves. C'est malheureusement un partie inévitable de la traversée. Mais ce n'est pas grave, on peut faire des choses très bonnes avec des conserves !

Avec tous ces plats, on pourrait se poser la question ; comment on fait à manger sur un bateau ? C'est vrai qu'il n'y a pas de l'électricité en permanence, ni de l'eau courante, bref, comment faire ?
C'est simple, on le fait à l'ancienne. Nous avons installé cet été un grosse bonbonne de gaz qui nous fournit tout ce qu'il faut pour notre petite cuisinière. Nous avons aussi un four, bien sûr, qui semble avoir bien servi ces derniers jours. Comme avec la plupart des énergies sur le bateau, il faut savoir être parcimonieux, mais il est tout à fait possible de faire des plats élaborés ou des gâteaux et des pâtisseries comme nous en raffolons. Bon, il est évident que lorsque le bateau bouge beaucoup, on ne peux pas se permettre de faire de la haute gastronomie, mais il est toujours possible de se débrouiller.

Quant à l'eau, nous avons ce que nous appelons une vache à eau. C'est en réalité un réservoir d'eau douce et potable qui nous sert principalement à faire la cuisine et à boire. La vaisselle se fait à l'eau de mer et les douches aussi. Il est clair qu'un bon bain chaud ne semble pas très approprié (de toute façon, il n'y a pas la place).

Pour les nouvelles personnelles, si le bateau avance, alors il y a du vent et donc il gite (se balance). Elsa ne se sent pas très bien et commence à trouver le temps long. Elle dort la plupart du temps. Félix et Joya vont bien. Il paraît que les podcasts d'Histoire Vivante sont passionnants. C'est une jolie manière de profiter des longues nuits de quart.

J'espère qu'ils continueront à avancer aussi bien. A bientôt pour d'autres nouvelles.

M.

dimanche 17 novembre 2013

Calme plat


   Le bateau n'avance pas très vite... Pour ne pas dire pas du tout. Joya, Elsa et Félix sont dans une période de calme plat qui ne pas forcément plaisir. Bien sûr, nous nous plaignons lorsqu'il y a trop de vent, mais quand il n'y en pas pas du tout, ça n'est pas très drôle non plus. A ce rythme-là, ils ne sont pas encore arrivé de l'autre côté. Sir Ernest n'aime pas beaucoup le petit temps alors il se traine, lentement, très lentement. Bon, il semble que le vent va finir par le lever dans les prochaines quarante-huit heures, alors ne désespérons pas ! Et puis, c'est une bonne préparation au Pot au Noir (cette ceinture de vent très faible qui entoure l'équateur) que nous devrons traverser pour atteindre les Galapagos. Restons positif !
   Cela permet aussi à Joya de se reposer et de reprendre des forces. Elsa et Félix ont profité hier du calme plat pour se baigner. Nager avec plusieurs milliers de mètres de profondeur sous les pieds, c'est une expérience qui donne des frissons !
Sinon, les vivres fraiches commencent à se finir. Il reste des patates, des oranges et quelques tomates. Il est bientôt l'heure d'ouvrir les boites de conserve.
 
   Tout à l'heure, à 12h temps universel, nous avons fait notre premier téléphone. Dix minutes top chrono, pas question de s'attarder vu que le satellite coûte vraiment très cher, mais cela faisait du bien d'entendre sa voix. C'est dingue toute cette technologie, non ? Ma maman est au milieu de l'Atlantique et je peux quand même lui parler. Je trouve ça génial.

Souhaitons-leur un peu de vent et touchons du bois pour que tout continue de bien se passer.

 Mahaut

dimanche 10 novembre 2013

Des nouvelles de l'Atlantique


Cela fait maintenant quatre jours que Joya et ses deux équipiers, Elsa et Félix, sont partis. La traversée de l'Atlantique, mine de rien, c'est quand même plutôt long : 2400 miles marin soit à peu près 4300 kilomètre. Joya a déjà fait cinq traversées de l'Atlantique, alors je ne me fais pas trop de soucis. Nous pouvons communiquer grâce à un téléphone satellite (Iridium) qui permet d'envoyer de très courts sms et des e-mails plus importants. Il permet aussi à Joya d'avoir des infos météos. Puisque cela coûte cher, elle ne m'envoie des nouvelles qu'une fois tous les deux jours.
Ses mails contiennent la position, la vitesse du bateau, le cap et d'autres termes techniques. 
Par exemple : « Nous sommes à 25°41,717 N - 021°57,08 W.
Vitesse ce matin: environ 5.5nds. Sous trinquette et génois sous la
trinquette: par flemme d'affaler la trinquette, et cela donne un peu plus
de toile, et ça va comme ça. Cap: environ 235, à 170 nm du wp 2525.
 »

Et aussi quelques nouvelles du bord. En résumé, tout le monde va bien. Elsa et Félix ont eu beaucoup le mal de mer, mais ils commencent à s’amariner (s'habituer à la mer). Joya sent déjà la fatigue s'installer, mais c'est une compagne familière en traversée, ce n'est pas très grave. Hier, ils ont fait du pain « fait bateau » (fait maison c'est déjà has been). Il leur reste encore pas mal de vivres fraiches, les boites de conserve, c'est pour plus tard !
Bref, personne ne se laisse abattre.

Quant à moi, ici en Suisse, je regrette un peu de ne pas déjà être avec eux. Mais bon, l'école, c'est l'école, alors je supporte la pluie et le froid en pensant aux Antilles qui nous attendent bien sagement de l'autre côté de l'océan.

Mahaut

mercredi 6 novembre 2013

Qu'est-ce qu'on oublie ?

Aujourd'hui on y va. Elsa et Félix sont arrivés dimanche matin et aujourd'hui, mercredi, nous quittons La Gomera.
— Vous allez au Cap Vert ? nous demandent les voisins de ponton.
Euh non, nous allons directement aux Antilles.
Ah bon, c'est trop tôt pour les Alizés ?! 
Mais non, c'est pas trop tôt. Et de toute façon, nous ne sommes pas pressés. Et de toute façon, nous n'avons pas envie d'avoir trop de vent. Donc…

J'ai comme souvent l'impression d'oublier quelque chose. Pourtant j'ai tout coché sur mes listes et je ne vois vraiment pas ce que je pourrais faire d'autre pour préparer le bateau.
Nous avons fait les pleins. Les pleins de quoi ?
De gasoil, bien sûr. Et d'eau. Et l'avitaillement: une grosse affaire.  Nous avons d'abord fait une liste à partir de ce que nous aimons manger, de ce que l'on trouve au Super Trebol de La Gomera et de ce qui se gardera au moins trois semaines.




Puis, munis de nos listes, nous avons remplis deux caddies avec du riz, de la farine (pour faire le pain, les gâteaux, les crêpes), des lentilles et toutes sortes de légumineuses, du café, du chocolat, du Nutella (pas diététique, mais tellement important !), des tomates pelées, bref, je ne vais pas vous refaire la liste.

Le jour suivant, nous sommes allés acheter le frais: 50 oranges vertes, 30 tomates vertes, des oignons, des avocats durs comme du bois, des citrons, des pommes, des courgettes, etc…
Je ne crois pas que nous mourrons de faim !



Parce qu'il y aura encore la pêche: Félix a apporté des leurres et du matériel que nous devons tester.

Il reste à enlever les housses des voiles, et larguer les amarres en profitant d'un moment calme dans le port...

Joya

samedi 2 novembre 2013

Double revanche sur les sentiers


Comme vous le savez, j’avais une revanche à prendre sur les sentiers de randonnée de La Gomera après les mésaventures de cet été. Alors voilà, c’est fait. Et doublement.
Pour quitter San Sebastian pour les montagnes, il faut d’abord prendre le bus. Ici, ce sont de petits véhicules vert pomme qui s’appellent guaguas — peut-être parce qu’ils sont devenus dingues à force de tournicoter ? Jeudi, notre conductrice, un quarantenaire joviale, fonçait dans les virages comme une vraie conductrice de rallye, n'hésitant pas, au besoin, à doubler un autocar un peu trop poussif à son gré. Le guagua était plein de mamies avec de gros bouquets de fleurs. Je ne sais pas si c’était un hasard, le jour des fleurs ou la Toussaint toute proche, en tous cas, c’était joli.

A 980 mètres d’altitude, après 25 minutes de virages dignes des vallées valaisannes, voici Degollado de la Peraza. Comme c’est le premier point de vue où tous les cars de touristes et toutes les voitudres de location s’arrêtent, le guagua stoppe en double file pour nous laisser descendre. Du fait du vent (35 noeuds bien tassés) et de l’altitude, nous avons bien perdu 10 degrés: nous ne nous attardons donc pas à admirer la vue. Et nous — j’ai fait la balade avec Pierre et Jean-Pierre, deux Vaudois rencontrés ici et en route pour le Brésil — voici partis pour une descente d’un peu plus de trois heures le long des crêtes. 

Un paysage somptueux et spectaculaire se déploie devant nous. Nous descendons vers San Sebastian sur des sentiers qui sont, oh miracle, balisés, entretenus, et même parfois pavés.

Aujourd’hui, changement de temps: ce matin il faisait un temps magnifique sans.... croyez-le ou non, le moindre souffle de vent. Du coup c'était le sauve-qui-peut général à la marina. Au moins 10 bateaux ont profité de l’accalmie pour continuer leur route et moi, qui attends mes équipiers, je suis partie marcher dans la montagne.

Parce qu’il y a une autre balade qui me faisait envie: celle qui part aussi de Degollado  mais descend dans la vallée plutôt que de longer les crêtes. Lorsqu’on est au fameux point de vue où nous ne nous sommes pas attardés l’autre jour, on voit tout en bas dans la vallée deux lacs verts qui scintillent. Comment résister ?

Après une descente casse-pattes droit-en-bas dans la vallée, on arrive à Laja dont on voyait depuis là-haut les maisons comme de petits points blancs. Bientôt le chemin cède la place à la route goudronnée et il n'y a plus que 12 km de marche pépère pour arriver à San Sebastian. On est au fond de la vallée, fertile et cultivé: des manguiers chargés de fruits partout le long de la route, du manioc, des cultures maraîchères, des palmiers.


Et les fameux réservoirs d'eau verte, construits comme des barrages suisses. Je verrai en descendant qu’ils servent à irriguer les bananeraies et les vergers de manguiers situés plus bas.



En cours de route j'ai rencontré un Allemand très émacié, petites lunettes rondes et t-shirt vert, qui m’a raconté son programme d’enfer: il y a deux jours, rando à La Palma (l’île au nord ouest de La Gomera); aujourd’hui, après être descendu comme moi de Degollado à Laja, il allait prendre à gauche et remonter tout au sommet de l’île, sur le Garanojay. Ce soir, il traversait en ferry pour Tenerife où, demain, il va grimper au Teide, le plus haut sommet d’Espagne (mais pas en téléphérique, s’il vous plaît). 
Et lundi ? Ben lundi, il bosse. A Mainz... Il m’a aussi raconté qu’il connaissait bien le Valais, avait fait le Mont-Blanc et était allé, au printemps dernier, grimper en Bolivie et au Chili ! 
Y’en a qui ont une de ces vies...

Joya

Et il faut vivre, et il faut rêver

« Aucun pessimiste n’a jamais découvert le secret des étoiles, navigué jusqu’à des terres inconnues, ou ouvert un nouveau chemin pour l’esprit humain. »
 
 Helen Keller
 


« Si tu ne vas pas à la poursuite de tes rêves, tu ne les atteindras jamais. Si tu n’oses jamais demander, la réponse sera toujours non. Si tu ne vas jamais de l’avant, tu resteras toujours au même endroit. »
 
 


 « Le suprême degré de la sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue pendant qu'on les poursuit.»

William Faulkner