Le canal de Panama ! Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais pour moi, c’est un mythe. Le genre de truc dont on se dit “j’aimerais bien voir ça un jour dans ma vie...”. Et nous y voici, ici sur la carte, dans le creux entre l’Amérique du nord et l’Amérique du sud. C’est fabuleux.
On ne se présente pas ici sans montrer patte blanche. Les Etats-Unis sont au détour du sentier ! Tout est hyper organisé et il est impossible de ruser si l’on souhaite passer dans l’autre océan. Cela fait donc plusieurs mois que je lis des blogs et écume le Net pour me faire une idée de ce qui nous attend ici ...
Première question: faut-il passer le canal avec un agent ? Ou sans agent ?
Un agent est un transitaire qui effectue à votre place les nombreuses formalités officielles qui attendent le skipper à son arrivée à Panama. Formalités d’entrée dans le pays d’une part — douanes et immigration. Et les formalités propres au passage du canal d’autre part.
J’avoue avoir choisi la voie de la facilité. Et ne le regrette pas: nous avons un timing serré et les descriptions des formalités do-it-yourself semblent plutôt chronophages.
Mais c’est sûr qu’en faisant appel à un agent, nous nous privons du plaisir de sillonner la ville en taxi, d’un bureau à un autre, de faire des heures de queue pour enfin avoir le droit de pénétrer dans le bureau d’un fonctionnaire plus ou moins aimable qui apposera un tampon sur notre passeport et remplira des formulaires ...
J’ai l’air de critiquer ? En fait, j’adore ces démarches, même si elles prennent du temps et de l’énergie, car elles sont une occasion unique de voir comment les gens travaillent dans les pays que nous visitons, le genre de mobilier, d’ordinateur, l’ambiance.
(A propos, pour ceux qui feraient ces formalités tous seuls: tenue correcte exigée pour entrer dans les bureaux. Pas de shorts, donc. Pantalon long obligatoire pour les Messieurs.)
Cette année, alors que j’étais encore à La Gomera, j’ai contacté deux agents à l’excellente réputation pour leur demander un devis et finalement choisi de travailler avec Roy Bravo. Pour le moment, c’est un excellent choix.
Lorsqu’on se rapproche de Colòn — la ville qui marque l’entrée du Canal côté Atlantique, le trafic des cargos s’intensifie. Cela n’a rien à voir, cependant, avec les alentours de Gibraltar. Pour que cela ne soit pas la pagaille, un sémaphore veille et régule le passage des cargos.
Il faut s’annoncer une première fois à 8 milles de l’entrée sur canal 12 VHF à Cristobal Signal - le sémaphore répond en anglais et en espagnol. Selon l’intensité du trafic, on vous fera peut-être suivre une route précise mais, ce qui nous concerne, nous avons simplement rappelé Cristobal Radio un mille avant l’entrée de la digue pour demander l’autorisation de passer. Mieux vaut ne pas s’y trouver nez à nez avec un porte-container chargé à bloc.
Une fois à l’intérieur, nous avons tourné tout de suite à droite pour nous diriger vers Shelter Bay Marina.
Pas la solution la moins onéreuse, mais très pratique. Cela fait du bien de retrouver un ponton après deux mois de mer, notamment pour charger les batteries à l’électricité (Panama fonctionne au 110V américain mais la marina met des convertisseurs à disposition) et faire les quelques réparations nécessaires sans être secoué par le clapot.
Lundi matin, le jour suivant notre arrivée, nous avons reçu la visite de Roy Bravo, notre agent, et d’un fonctionnaire du canal de Panama qui vient visiter et mesurer le bateau.
Il s’agit de la 1ère étape indispensable pour avoir une date de passage. La mesure ne se fait qu’une fois dans la vie du bateau; Sir Ernest est maintenant l’heureux détenteur d’un passeport du Canal, son SIN – Ship's Identification Number – valable à vie.
Le mesureur est donc venu à bord du bateau, il a tiré une chevillière entre l’extrémité du bout dehors et celle du régulateur d'allures (12m40), mesuré la largeur du bateau (3m40), posé quelques questions sur le bateau: puissance du moteur, vitesse, consommation de fuel, avons-nous une corne de brume à bord, un compas, des toilettes et une cuve à eaux noires – répondre oui -, un taud de soleil. Avez-vous des aussières qui satisfont aux critères du canal (environ 40 mètres de long et 22mm de large) ? Il en faut 4 – que nous louerons à Roy; il nous faut encore des pneus emballés en guise de défenses car ils sont plus solides que nos pare-battages.
Une fois cela fait, tous les formulaires remplis, le mesureur repart et nous attendons de savoir quel jour nous pourrons transiter.
Normalement, nous sommes inscrits pour passer demain vendredi 10 janvier. Mais une incertitude demeure. Aujourd’hui 9 janvier est un jour férié ici à Panamà - Martyr’s Day. Or il faut impérativement un transit adviser - un pilote, si vous voulez - à bord de chaque bateau de plaisance en transit... nous espérons donc que ces Messieurs n’auront pas tous fait le pont.
Pour notre part, nous sommes prêts: pleins d’eau, lessives, avitaillement, réparations, fichiers météos chargés, route pour les Galapagos entrée dans le GPS... tout est fait, sauf ce que j’ai oublié.
J’aimerais encore tenter d’apercevoir des singes, éventuellement tester la piscine et surtout profiter de la Happy Hour au bistrot – boissons à moitié prix de 5 à 7 !
Salut à tous,
RépondreSupprimerCa a l'air de glisser sur l'eau! Bien intéressant la description des conditions de traversée du canal. Un peu grris grris le ciel. Attention pas d'abus de pomada locale même à 1/2 tarif , il n'est pas conseiller de louvoyer entre atlantique et pacifique même avec un pilote. Bises à tous.
Anne