Alors, le Pacifique, c'est comment ? Ben... c'est étonnant. Différent... Mais d'abord, que je vous raconte cette jolie traversée en quelques mots.
Jolie ?! Et pourtant, on lit et on entend toutes sortes de choses inquiétantes à propos de la route entre Panama et les Galapagos. C'est de réputation une route plutôt difficile contre vents et courants dominants, au cours de laquelle on doit traverser la ZIC, le redoutable pot au noir où le vent tombe pour faire place aux orages, aux grains, aux calmes interminables. En ce qui nous concerne, nous avons eu de la chance: la zone de convergence intertropicale est restée très nord, à la latitude de Panama. En plus, un vent de nord bien soutenu nous a poussé pendant 4 jours jusqu'aux environs de Tumaco, à la frontière entre la Colombie et de l'Equateur. J'avais décidé de ne pas suivre une route directe, mais de descendre plein sud en laissant le caillou de Malpelo à l'ouest, puis de tourner à droite vers les Galapagos dès que la direction du vent nous l'imposerait. C'est exactement ce qui s'est passé.
Sir Ernest s'est retrouvé au près serré, babord amures, dans une mer presque lisse. Pas de méchante ZIC pour nous cette fois, juste un jour de vent faible pendant lequel nous avons barré car le moteur était en panne. Puis 6 jours de navigation sur le même bord, cap plus ou moins au 240, sauf un jour de pluie battante dans le brouillard, vent arrière.
Ce jour-là, soudain, un bateau de pêche colombien a surgi de la brume, espèce de fantôme avec ses espars dressés vers le ciel, puis il a disparu comme il était venu.
J'avais lu pas mal de choses pour préparer cette traversée, car elle peut se révéler cauchemardesque lorsque le vent contraire s'additionne au courant.
J'ai notamment utilisé les cartes de courants du site OSCAR, l'organisme de la Noaa qui archive et répertorie les courants marins dans le monde entier (http://www.oscar.noaa.gov/datadisplay/oscar_datadownload.php). A Genève, j'ai imprimé les cartes de courants de 2013 pour janvier et février et les ai utilisées comme des pilot charts, c'est à dire comme aide à la décision. Ces indications se sont révélées très fiables. L'incurvation du courant vers le nord à partir de 88-89 degrés de longitude W est manifeste. Nous n'en avons pas souffert, ou assez peu, car nous avons navigué au moteur le dernier jour pour faire route directe vers San Cristobal.
Une navigation plutôt facile, donc.
Et le Pacifique alors ? Pas très différent de l'Atlantique entre Panama et la latitude de Tumaco - notre virage à l'ouest. Mais ensuite: une mer avec de grandes ondulations, la houle du Pacifique sud. Une mer souvent noire, avec des lumières incroyables. Une mer dont la température n'a fait que baisser en se rapprochant de l'équateur (euh... cherchez l'erreur ?) - la faute au célèbre courant de Humbolt. De nouveaux oiseaux qui ne vivent que dans ce coin du monde - fous à pattes rouges, fous bruns, mouette de Sabine, pétrel de Thethys;
Et aujourd'hui, nous sommes arrivées aux Galapagos ! Il y a des moments de pur bonheur...
Navigation plutôt facile ? Non, pas du tout. Une navigation assez difficile mais très bien préparée par Joya, et conduite d'une façon lucide et parfaite. L'analyse météo et le choix de route ont été idéales. Bravo les filles !
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