dimanche 16 février 2014

Nous partons demain


Notre visite des Galapagos s’achève. Nous partons demain pour notre grande traversée vers le sud, direction l’île de Pâques.
Le GPS indique 1885 milles en ligne droite, cap au 210. Ce qui est d’ores et déjà sûr, c’est que nous ferons plus de route que ce minimum.



En attendant, nous avons fait les pleins.
De fuel pour commencer. Faire le plein de gasoil est toute une affaire ici aux Galapagos. Pour commencer, les voiliers payent le double du prix, ils doivent passer par leur agent ou son représentant. La quantité est en gallons... et comme mes bidons sont en litres, cela a donné lieu à des malentendus. Disons qu’à San Cristòbal Boliva Pesantes m’a rapporté des bidons pleins au deux-tiers; et à Isabela JayCee est revenu avec un bidon plein aux deux-tiers et l’autre débordant, en m’assurant de l’air le plus sérieux du monde que ce deuxième bidon contenait 32 litres alorsqu’il ne peut en contenir que 25.... bref, des petites distorsions pas très honnêtes contre lesquelles je ne peux pas me battre — je n’étais pas à la pompe au moment où il a rempli les bidons, et je ne vais surtout pas le traiter de menteur... —
Je suis aussi allée au marché. Ici à Isabela, le samedi matin est jours de marché. Mais quand on dit matin, c’est de l’aube qu’il s’agit. J’avais lu, et Jaycee me l’a confirmé, qu’il faut venir tôt pour avoir du choix car après il n’y a plus rien.

Alors j’étais sur l’annexe à 5heures du matin, avant le lever du jour. Sur le chemin du village, j’ai croisé quelques personnes aussi matinales que moi, qui venaient en sens inverse. Des gens qui prennent le ferry pour Santa Cruz (départ à 5h30 ou 6h à peid ou à vélo, encore tout endormis.
Le marché, c’est en tout et pour tout 4 étals. Une dame vend des oeufs et du fromage. Il y a deux seaux pleins d’oeufs et deux cylindres de fromage frais dégoulinant qu’elle vend  à la tranche.  Une autre dame avait des ananas et deux caisses de mandarines pourries (je n’ai pas compris si elle pensait vraiment pouvoir vendre ses mandarines ?); une troisième dame avait des herbes fraîches (du basilic et de la menthe — oh bonheur !), des aubergines locales, des piments doux; et la quatrième proposait des carottes, des bananes, des tomates, des oignons et des citrons...
Et c’est tout. J’ai compris pourquoi il fallait venir tôt. Il était 5h 54, nous étions une douzaine de personnes, le niveau de la caisse de carottes baissait à toute vitesse, il n’y avait déjà plus de bananes plantain et presque plus de fromage.

De retour au bateau au lever du soleil, j’ai rangé les provisions pour la traversée dans les filets et les caisses, les tomates enveloppées de papier journal. J’espère que cela tiendra une ou deux semaines.
Et enfin, ce matin, j’ai fait les pleins d’eau. Comme d’habitude, je charge l’annexe avec tous les bidons de 5 et 8 litres que nous avons. Je me suis retrouvée au ponton des annexes avec mes voisins de mouillage, pour attendre le meilleur fournisseur d’eau potable de l’île.
Il s’appelle Bert (pour Berthold), est originaire d’Autriche mais vit sur l’île depuis 40 ans. ( Vous me connaissez, je n’ai pas pu m’empêcher de lui poser plein de questions !). Il m’a raconté qu’avant de s’établir ici il y a vingt ans, il a d’abord vécu en Belgique flamande, puis à Zanzibar, avant de tomber amoureux d’Isabela. Il a épousé une équatorienne avec laquelle il a ouvert un restaurant (on y mange très bien d’après Jaycee). Mais son revenu principal, m’a-t-il dit, c’est la fourniture d’eau potable. Il pleut souvent à cette période de l’année près des montagnes. Alors il remplit ses réservoirs —plusieurs milliers de litres — avec l’eau de pluie. Puis il la désinfecte (filtre au charbon et ultraviolets). Il prétend, instrument de mesure à l’appui, que son eau est meilleure que l’eau en bouteille, et surtout meilleure que l’eau du robinet de Puerto Villamil qui est saumâtre et pleine de bactéries.
Nous avons vu à Puerto Villamil, sur la place, la pancarte d’un chantier d’installation des canalisations d’eau potable de la ville. Montant des travaux: 7 millions de dollars et des poussières.
Oh, cela ne se fera pas, me dit Bert. Tout l’argent sera détourné dans les poches privées. C’est terrible la corruption, ici, vous savez !
Isabela, me dit-il encore, c’est merveilleux sauf pour deux choses. Numéro un, la culture est inexistante. Cela va mieux depuis que nous avons internet, et j’ai installé la télévision par satellite. Nous sommes deux sur l’île à avoir une parabole. Un Suisse et moi. Et la deuxième chose, continue-t-il, c’est la santé. La mauvais qualité des soins est terrible, le Suisse est d’ailleurs en Europe en ce moment car ils ont failli le tuer ici. Vous êtes obligés de partir pour vous faire soigner si vous êtes malade.  A part ces deux choses, c’est le paradis. Je vis la porte ouverte, je connais tout le monde. On me donnerait 1 million de dollars pour m’installer sur continent, je n’irais pas. Vous savez... on m’a agressé deux fois, une fois à Quito et une fois à Guayaquil.

Voilà quelques rencontres à Isabela. Il nous reste à ranger le bateau dedans et dehors. Demain, dernier tour à terre pour récupérer notre zarpe, le papier officiel de sortie du territoire qu’on nous réclamera au Chili. Puis plier l’annexe, le taud, et en route pour la suite de notre périple.

1 commentaire:

  1. Salut les filles,

    Je n'ai eu les articles du blog que ce jour 17/02 à 14h, donc je suppose que vous avez déjà levé l'ancre. Donc bonne nav' vers l'île de Pâques. Ravie de voir qu'elle fait partie du programme et que vous allez encore faire des découvertes magnifiques! A bientôt, on vous suit jour après jour sur la carte! Biz Anne and co.

    RépondreSupprimer