Notre visite des Galapagos s’achève. Nous
partons demain pour notre grande traversée vers le sud, direction l’île de
Pâques.
Le GPS indique 1885 milles en ligne droite,
cap au 210. Ce qui est d’ores et déjà sûr, c’est que nous ferons plus de route
que ce minimum.
En attendant, nous avons fait les pleins.
De fuel pour commencer. Faire le plein de
gasoil est toute une affaire ici aux Galapagos. Pour commencer, les voiliers
payent le double du prix, ils doivent passer par leur agent ou son
représentant. La quantité est en gallons... et comme mes bidons sont en litres,
cela a donné lieu à des malentendus. Disons qu’à San Cristòbal Boliva Pesantes
m’a rapporté des bidons pleins au deux-tiers; et à Isabela JayCee est revenu
avec un bidon plein aux deux-tiers et l’autre débordant, en m’assurant de l’air
le plus sérieux du monde que ce deuxième bidon contenait 32 litres alorsqu’il
ne peut en contenir que 25.... bref, des petites distorsions pas très honnêtes
contre lesquelles je ne peux pas me battre — je n’étais pas à la pompe au
moment où il a rempli les bidons, et je ne vais surtout pas le traiter de
menteur... —
Je suis aussi allée au marché. Ici à
Isabela, le samedi matin est jours de marché. Mais quand on dit matin, c’est de
l’aube qu’il s’agit. J’avais lu, et Jaycee me l’a confirmé, qu’il faut venir
tôt pour avoir du choix car après il n’y a plus rien.
Alors j’étais sur l’annexe à 5heures du
matin, avant le lever du jour. Sur le chemin du village, j’ai croisé quelques
personnes aussi matinales que moi, qui venaient en sens inverse. Des gens qui
prennent le ferry pour Santa Cruz (départ à 5h30 ou 6h à peid ou à vélo, encore
tout endormis.
Le marché, c’est en tout et pour tout 4
étals. Une dame vend des oeufs et du fromage. Il y a deux seaux pleins d’oeufs
et deux cylindres de fromage frais dégoulinant qu’elle vend à la tranche.
Une autre dame avait des ananas et deux caisses de mandarines pourries
(je n’ai pas compris si elle pensait vraiment pouvoir vendre ses mandarines ?);
une troisième dame avait des herbes fraîches (du basilic et de la menthe — oh
bonheur !), des aubergines locales, des piments doux; et la quatrième proposait
des carottes, des bananes, des tomates, des oignons et des citrons...
Et c’est tout. J’ai compris pourquoi il
fallait venir tôt. Il était 5h 54, nous étions une douzaine de personnes, le
niveau de la caisse de carottes baissait à toute vitesse, il n’y avait déjà
plus de bananes plantain et presque plus de fromage.
Et enfin, ce matin, j’ai fait les pleins
d’eau. Comme d’habitude, je charge l’annexe avec tous les bidons de 5 et 8
litres que nous avons. Je me suis retrouvée au ponton des annexes avec mes
voisins de mouillage, pour attendre le meilleur fournisseur d’eau potable de
l’île.
Il s’appelle Bert (pour Berthold), est
originaire d’Autriche mais vit sur l’île depuis 40 ans. ( Vous me connaissez,
je n’ai pas pu m’empêcher de lui poser plein de questions !). Il m’a raconté
qu’avant de s’établir ici il y a vingt ans, il a d’abord vécu en Belgique
flamande, puis à Zanzibar, avant de tomber amoureux d’Isabela. Il a épousé une
équatorienne avec laquelle il a ouvert un restaurant (on y mange très bien
d’après Jaycee). Mais son revenu principal, m’a-t-il dit, c’est la fourniture
d’eau potable. Il pleut souvent à cette période de l’année près des montagnes.
Alors il remplit ses réservoirs —plusieurs milliers de litres — avec l’eau de
pluie. Puis il la désinfecte (filtre au charbon et ultraviolets). Il prétend,
instrument de mesure à l’appui, que son eau est meilleure que l’eau en
bouteille, et surtout meilleure que l’eau du robinet de Puerto Villamil qui est
saumâtre et pleine de bactéries.
Nous avons vu à Puerto Villamil, sur la
place, la pancarte d’un chantier d’installation des canalisations d’eau potable
de la ville. Montant des travaux: 7 millions de dollars et des poussières.
— Oh, cela ne se fera pas, me dit Bert.
Tout l’argent sera détourné dans les poches privées. C’est terrible la
corruption, ici, vous savez !
— Isabela, me dit-il encore, c’est
merveilleux sauf pour deux choses. Numéro un, la culture est inexistante. Cela
va mieux depuis que nous avons internet, et j’ai installé la télévision par
satellite. Nous sommes deux sur l’île à avoir une parabole. Un Suisse et moi. Et
la deuxième chose, continue-t-il, c’est la santé. La mauvais qualité des soins
est terrible, le Suisse est d’ailleurs en Europe en ce moment car ils ont
failli le tuer ici. Vous êtes obligés de partir pour vous faire soigner si vous
êtes malade. A part ces deux choses, c’est
le paradis. Je vis la porte ouverte, je connais tout le monde. On me donnerait
1 million de dollars pour m’installer sur continent, je n’irais pas. Vous
savez... on m’a agressé deux fois, une fois à Quito et une fois à Guayaquil.
Voilà quelques rencontres à Isabela.
Il nous reste à ranger le bateau dedans et dehors. Demain, dernier tour à terre
pour récupérer notre zarpe, le papier
officiel de sortie du territoire qu’on nous réclamera au Chili. Puis plier l’annexe,
le taud, et en route pour la suite de notre périple.
Salut les filles,
RépondreSupprimerJe n'ai eu les articles du blog que ce jour 17/02 à 14h, donc je suppose que vous avez déjà levé l'ancre. Donc bonne nav' vers l'île de Pâques. Ravie de voir qu'elle fait partie du programme et que vous allez encore faire des découvertes magnifiques! A bientôt, on vous suit jour après jour sur la carte! Biz Anne and co.