Rapa Nui est une île magnifique. En arrivant, le couple de français
nous a dit : “C’est vrai que ce n’est pas un endroit très reposant, mais cela
en vaut la peine.” Alors ça, de la peine, on s’en est donnés ! Mais
effectivement, cette île est sublime.
Rapa Nui a été un désastre écologique à la fin de l’âge d’or de la
civilisation des Moaï. En déforestant toute l’île pour transporter leurs
précieuses statues, symboles de puissance, les sources de nourriture de la
population disparurent ce qui les mena à la famine. Depuis, l’Île de Pâques
subit une forte érosion des sols.
Je m’imaginais donc une île très brune et aride avec peu de
végétation. Mais pas du tout ! Et c’est ce qui me plaît le plus ici ; tout est
vert. Il y a de l’herbe ! Du gazon, des fleurs, des bananiers dans les jardins,
etc. Après les Galapagos et les traversées, c’est tout simplement du bonheur
pur.
Et puis, il y a des Moaï vraiment partout. Le tourisme est la seule
ressource économique de l’île et son emblème est donc bien mis en valeur. Par
exemple, sur le petit port, il y a deux Moaï pour nous accueillir. Les archéologues
en ont retrouvé 887 pour l’instant, dont 288 sur les sites funéraires qui sont
sur la côte. Les autres statues ont été retrouvées dans la carrière où ils les
construisaient ou abandonnées en route. Nous pouvons donc marcher
tranquillement le long de la mer et observer de magnifiques Moaï.
Vendredi, nous nous sommes offert un tour de l’île avec un guide.
Nous avons donc pu observer l’île de l’intérieur et visiter tous ces lieux que
nous avons toujours vu sur des cartes postales. Le clou du spectacle est les
quinze Moaï qui sont vraiment le symbole de l’île. Tous les Moaï de l’île ont
été abattus, face contre terre, par les diférents clans de Rapa Nui, entre le XVIIe
et le XIXe siècle. Mais ces quinze statues ont été de nouveau érigées par une
compagnie japonaise comme cadeau aux habitants de l’île.
Ces Moaï sont... impressionnants. Ils sont immenses et magnifiques.
On peut tout à fait comprendre pourquoi ils étaient tant vénérés.
Nous avons aussi visité la carrière dans laquelle la majorité des
Moaï a été abandonnée, faute de ressources. C’est un endroit très touristique,
peut-être même un peu trop pour nous, mais il était intéressant de voir ces
statues à l’abandon. Elles sont le symbole de la déchéance d’une société qui a
trop usé les ressources que la terre lui offrait (cela ne vous fait pas penser
à quelque chose ?). Les chefs de clans cherchaient toujours à en construire de
plus grands, de plus lourds, pour montrer leur supériorité. Notre guide nous a fait
remarquer les visages très sérieux de tous les Moaï : “They were very serious people with crazy chiefs.”
Notre dernier arrêt de la journée était à Anakena, une jolie plage
de sable blanc. Il y avait de l’herbe, des palmiers et des Moaï au bout de la
plage. C’était magnifique et j’en ai profité pour tremper mes pieds. Ce fut
l’un de nos rares moments de pure détente. Une heure de repos, sans inquiètude et
avec un sol immobile sous nos pieds. Quel soulagement !
Samedi, j’ai fait une discovery
dive avec le magasin de plongée qui fait face au port. Il n’y avait pas
beaucoup de poissons mais la visibilité était absolument incroyable et nous
avons même vu une tortue ! J’ai adoré ces trois-quart d’heure sous l’eau à nager
avec les poissons. C’était magique.
Les autres jours de la semaine, nous avons surtout refait le plein
d’eau, d’huile et de fuel et nous avons acheté plein de fruits frais. Le
village est joli et les gens sont très gentils. Beaucoup parlent français parce
qu’ils ont de la famille en Polynésie française. Nous avons tenté de nous
reposer du mieux possible malgré quelques mésaventures.
Nous avons eu un coup de vent très violent, hier, mais heureusement,
nos ancres ont tenu. Par contre, question détente, nous avons vu mieux !
Sinon, mercredi,
après avoir fait les pleins d’eau, nous avons eu le malheur de nous coincer une
corde dans l’hélice du moteur de notre annexe. Il s’est immédiatement éteint.
Nous n’étions pas très loin du port, mais les vagues nous poussaient contre les
rochers et nous avons dû ramer jusqu’au bateau. Nous avions le vent et les
vagues contre nous et ce fut tout simplement un enfer. J’ai perdu toute notion
du temps, seul comptait ma rame qui s’enfonçait encore et encore dans l’eau...
Le bateau était désespérement loin et nous sommes arrivées dans un état
d’épuisement extrême. Ensuite, il a fallu monter les dix bidons d’eau sur le
bateau puis Joya a plongé pour décoincer l’hélice. Heureusement, le moteur n’a
pas subit de dommage, mais nos bras, eux, ont subit de sacré courbatures ! Ce
n’était pas exactement ce que nous entendions par : “Une fois arrivées à l’Île
de Pâques, nous pourrons nous détendre.” Cette aventure a au moins eu le mérite
de me faire réaliser ma pauvre condition physique. Je sens qu’une petite
session de musculation va s’imposer dès mon retour à Genève !
Nous partons
demain pour minimum trois semaines de traversée, direction Puerto Montt, Chili.
Nous allons devoir passer au sud d’un grand anticyclone pour pouvoir attraper
les vents portant vers l’est. Avec un peu de chance, cette traversée ne sera pas
trop éprouvante...
Allez, haut les
coeurs ! Ce sera ma dernière longue traversée pour longtemps... Après cela, il
nous faudra une semaine au Chili puis nous retournerons à Genève. Mon Dieu, que
le temps passe vite.
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