lundi 17 mars 2014

Deux ou trois choses que nous savons de Rapa Nui


Nous devions partir aujourd’hui, mais nous avons changé d’avis. Finalement, nous ne partirons que demain. Histoire de laisser passer cette perturbation faite de grains et de vents forts qui nous pourrit la vie — Hier, le vent a soufflé à 35 noeuds établis pendant tout l’après-midi, Sir Ernest arc-bouté sur ses deux ancres .... Pas marrant.
Rapa Nui n’est pas une escale reposante et nous n’aurons pas eu le temps de faire des randonnées — monter au volcan, visiter les grottes. Une autre fois, peut-être.

Ces quelques jours nous ont permis d’en apprendre plus sur l’île, grâce aussi à  Tengaki, notre guide local.
Les statues font face à la terre, jamais à la mer. Pourquoi ?
mais, explique Temana, pourquoi regarder au large ? Les habitants de l’île vivaient tellement isolés, aucun visitieur en plus de mille ans, vous imaginez ? Il n’y avait rien à attendre du large... d’ailleurs, les indigènes ont accueilli Cook et La Pérouse, les fameux explorateurs européens, à jets de pierres.


Donc les statues, qui représentent des ancètres remarquables, font face au village à côté duquel elles sont construites.
pensez au facteur humain, s’enflamme encore Tengaki. Ce sont les Vieux qui détiennent la connaissance, qui peuvent transmettre les savoirs — la pêche, l’agriculture, la construction des abris de paille, la sculpture...Imaginez... il n’avaient pas de métal sur l’île, toutes les statues ont été sculptées avec des couteaux taillés dans une roche d’obsidienne.

Comment ont-ils été dressés, ces  Moaï qui font parfois 10 mètres de haut et 35 tonnes ? Là, les théories divergent. Il y a ceux qui les font rouler sur des rondins, pendant des kilomètres. Expliquant du même coup la déforestation de l’île. Les forêts auraient été dévastées pour des raisons de prestige et de pouvoir.
D’autres font marcher les statues. En les dressant puis en les faisant doucement basculer de gauche à droite, on peut  faire avancer les géants vers l’ahu auquel ils sont destinés. Des essais ont montré la faisabilité de l’opération, et la théorie trouve un écho dans les récits traditionnels, qui racontent que les Moaï marchaient de la carrière où ils étaient construits à leur ahu, la plateforme rituelle en bord de mer.


La vie était dure sur l’île de Pâques. Une île tellements isolée, dévastée par les guerres internes entre clans qui firent des ravages humains et écologiques. Certains chercheurs considèrent d’ailleurs aujourd’hui la catastrophe écologique de Rapa Nui comme un exemple ( à ne pas suivre) des conséquences de la folie et de l’orgueil humains.
Tengaki raconte que dans les années 1960, il ne passait qu’un cargo par an à Ranga Hoa. Qu’au 19e siècle, la famine était telle qu’on pratiquait le canibalisme — d’après le témoignage d’une vieille dame qui racontait vers 1912 avoir assisté, enfant, à ces pratiques. La situation est toute différente aujourd’hui avec un aéroport et deux cargos par mois. Mais toujours pas de port digne de ce nom, le cargo est ici, comme aux Galapagos, déchargé par des barges qui font le va-et-vient avec la terre.

Et il y a la langue. La plupart des habitants de l’île parlent le rapanui à la maison et entre amis. L’espagnol est la langue officielle, mais tous les écritaux sont bilingues. Cette langue polynésienne est très proche du tahitien, du maori (Nouvelle Zélande), ou du hawaïen. Tengaki nous affirmait comprendre ses interlocuteurs polynésiens, de la même façon qu’un Espagnol comprend un Portugais...

Alors... mau ruru Rapa Nui, iorana !
(Gracias, Rapanui, hasta luego ! — Merci, Rapa Nui, à bientôt !)

Joya

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