mercredi 16 avril 2014

C'est enfin fini

Eh oui, même les pires expériences ont une fin. Même cette traversée qui semblait ne plus devoir finir s'est terminée.
Deux jours avant de voir la côte, nous avons essuyé la plus grosse tempête de notre vie. Joya m'a assuré que depuis plus de trente ans qu'elle navigue, elle n'avait jamais vu une mer aussi impressionnante. Pendant près de douze heures, le vent a soufflé force 9 sur une mer complètement blanche. La crête des vagues fumaient et l'écume s'envolait en poussière dans l'air. Nous étions au début avec la trinquette seule mais nous avons finalement dû prendre un ris dans celle-ci parce que nous étions encore surtoilés. Je ne suis pas sûre de pouvoir décrire la monstruosité de ce coup de vent ni le sentiment de peur et de respect qui s'est imposé à nous. En y repensant après coup, je me dis que c'était probablement l'un des plus beaux spectacles de ma vie, mais sur le moment, j'espérais surtout que Sir Ernest n'allait pas chavirer. Heureusement, les vagues n'étaient pas trop dangereuses et notre fidèle bateau à tenu bon. Il faut lui reconnaître cette qualité : il est solide.

Finalement, en fin de journée, le vent a un peu faibli et, dans la nuit, nous avons dû mettre le moteur. Nous avons ensuite découvert le calme après la tempête qui a duré jusqu'à notre arrivée.


"Ouf !", vous direz-vous, elles ont pu souffler un peu. Mais... non. Notre pilote automatique a rendu l'âme en arrivant au Galapagos et depuis, lorsque nous sommes au moteur, nous devons barrer manuellement. Nous avons donc passé deux jours et une nuit à barrer dans le froid glaciale de ce début d'automne australe. Nous avons fait des tournus toutes les deux heures et autant vous dire que nous n'avons pas beaucoup dormi. La journée, cela allait encore parce que le soleil chauffait un peu l'atmosphère, mais la nuit, c'était... difficile. Mais dimanche matin, notre moral a remonté en flèche parce que nous nous avons enfin vu la terre. Après 25 jours d'horizon vide, nous avons aperçu droit devant nous l'ombre des montagnes. Quel soulagement !
L'approche a été sublime, sur une mer toute lisse et dans une légère brume.


Dans la matinée, alors que nous étions arrêtés le temps d'un plein de fuel, nous avons remarqué un bateau qui s'approchait. C'était des pêcheurs, quatre hommes d'équipage et un capitaine, qui venait nous saluer et voir si nous avions besoin d'aide. Notre premier contact humain. Tout d'un coup, la mer nous a semblé moins vide et nous avons gardé un grand sourire longtemps après leur départ.

Nous sommes finalement arrivés à l'entrée de la Baia Corral dans la nuit et nous avons mouillé juste avant l'entrée de la rivière pour attendre le lever du jour. Pour la première fois depuis bien trop longtemps, nous avons pu dormir une nuit entière.

Lundi matin, nous avons remonté une partie du Rio Valdivia jusqu'à la marina Estancilla. Cet endroit est tout simplement sublime. L'amarrage aux pontons a été un peu difficile à cause du courant, mais les marineros, qui sont d'ailleurs adorables, nous ont aidés et tout s'est bien passé.



Nous avons pu prendre notre première vraie douche chaude depuis trois mois et, croyez-moi, c'était le bonheur. Etonnamment, je n'ai pas eu le mal de terre. Je crois que j'étais tellement heureuse de tenir debout sur un sol immobile que je n'ai même pas pensé à avoir mal au coeur.

Depuis, nous travaillons énormément pour pouvoir laisser le bateau cet hivers. Repo-quoi ? Reposer ?! Connais pas.

Mahaut

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