vendredi 23 janvier 2015

A la chilienne

Je vous rassure tout de suite. Sir Ernest est toujours à La Estancilla et il n'a toujours pas de moteur. Cependant, en une semaine, les choses ont progressé. Un peu. A la chilienne.
Allez, je vous raconte les aventures de Mister Perkins chez docteur Jon.

Le moteur dans la camionnette de Jon (t-shirt vert à gauche) à sa sortie du bateau

Donc vous savez que nous avons sorti le moteur du bateau et que le mécanicien l'a entièrement désossé.  Les pistons et les chemises de pistons sont partis à Osorno, une ville à 100 kilomètres au sud de Valdivia,  chez un mécanicien spécialisé dans la réfection de ce genre de pièces. Belarmino les a ramenées quelques jours plus tard refaites à neuf. Magnifique.

Un des coussinets de bielle qui a dû être refait à Osorno

Notre pompe d'injection et les quatre injecteurs sont allés chez LE spécialiste de Valdivia. Impossible d'aller chez lui si on ne connaît pas. On tourne un moment dans un quartier résidentiel — petites maisons valdiviennes de toutes les couleurs —  et nous voici face à un monsieur d'une quarantaine d'années aux petites lunettes rondes et aux yeux pétillants. Les machines de précision s'alignent dans son atelier impeccablement rangé. Il nous explique que tous nos malheurs viennent du joint de la pompe à injection qui, défectueux, a laissé passer le fuel dans l'huile. En effet: la petite rondelle noire se désagrège entre nos doigts....
En conséquence, évidemment, les quatre injecteurs sont foutus. Boooooon. Cependant, et c'est notre chance, Jaime Nieto peut nous commander des injecteurs de rechange.

Au Chili, les choses ne se passent pas comme en Europe. Nous avons fini par comprendre qu'ici, le mécanicien, s'il répare les moteurs, ne s'occupe pas de trouver les pièces de rechange, ou le joint de culasse, ou la pâte à joints ou même les chiffons. Tout cela, c'est le boulot du client. Au début, je me disais que Jon se moquait de nous, à nous demander d'aller lui acheter un kilo de chiffons et du joint — 1 kilo de panto limpieza , 1 silicona griz y 1 permatek. Il a écrit ceci bien soigneusement dans mon petit carnet jaune, un peu comme une ordonnance que nous avons montrée aux vendeurs des tiendas de mecánica. Alors non, il ne se moque pas de nous. C'est juste qu'ici les choses se passent ainsi.

Ensuite, plus difficile, il nous a fallu trouver les segments de pistons, ces joints métalliques qui doivent bien évidemment avoir l'épaisseur et le diamètre exact des pistons. (Est-ce que je vous ai déjà dit que l'avantage collatéral de cette mésaventure était de m'offrir un cours approfondi de mécanique diesel ?)

Et là nous avons eu la chance de tomber sur Daniel Sanchez, le patron de DSM, magasin de repuestos — de pièces détachées Perkins, Dodge, Ford, Chevrolet. Un monsieur un peu plus âgé, qui a fait l'effort de parler lentement un espagnol que nous pouvions comprendre.  La quête de ces anillos semblait bien mal partie: il n'y a pas ces pièces Perkins dans tout le Chili, il va falloir les commander en Angleterre ou aux Etats-Unis, cela va prendre des semaines...
Puis Señor Sanchez nous a demandé de lui apporter un piston, afin qu'il puisse en mesurer les segments. Et, oh miracle, il les a trouvés, ils les a commandés, ils sont arrivés de Santiago le lendemain.
Alors que nous arrivions hors d'haleine au moment où il abaissait son rideau de fer, il nous a dit gentiment: "me allegría mucho de resolver sus problemas..."

Donc, après toutes ces péripéties, l'état des choses est le suivant:
le moteur est toujours chez Jon — mais celui-ci a désormais toutes les pièces dont il a besoin.
Reste à remonter le moteur dans l'atelier...
... à le remettre dans le bateau...
... à rebrancher tous les fils électriques, tous les tuyaux, l'arbre d'hélice...
... à tourner la clé de contact
etc.. etc...

Promis juré, un jour on larguera les amarres. Avant l'hiver austral, si possible !




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