Ici, de décembre à mars, ce sont les grandes vacances. Les étudiants ne flanent plus sur les campus, ils travaillent: serveurs dans les bistrots, aides de caisse dans les supermarchés. Les immatriculations dans les universités sont ouvertes — il y en a 4 à Valdivia ! Et la ville grouille de touristes chiliens et argentins, d'enfants et de familles.
Je ne sais pas si je vous l'avais dit, mais Sir Ernest n'aime pas les hivers froids et humides. Il avait déjà très violemment protesté lorsque nous l'avions laissé en Bretagne, il y a fort fort longtemps. Et ces 9 mois à Valdivia ne lui ont pas plu. Mais alors pas du tout.
Pour vous la faire courte, la situation est la suivante: nous avons dû sortir le moteur du bateau pour une réfection intégrale. Mister Perkins est actuellement totalement démonté, il ne ressemble plus qu'à un tas de pièces détachées, lesquelles se trouvent chez deux mécaniciens à Valdivia et un autre à Osorno, une ville à une centaine de kilomètres d'ici.
Comme vous pouvez vous l'imaginer, c'est une catastrophe qui se situe assez haut sur l'échelle Richter des catastrophes affectant un voilier.
Du coup, le moral joue à l'ascenseur:
En haut: Jon, le mécanicien, vient comme prévu démonter le moteur à bord, le sortir du bateau, et tout se passe bien...
Tout en bas: le jour suivant, il vient nous dire que l'atelier d'Osorno n'a pas les pièces nécessaires, qu'il ne sait pas bien où les trouver, qu'il va falloir les chercher sur Internet...
Tout en haut: une heure plus tard, le même jour, nouveau coup de fil: Jon a trouvé les pièces à Valdivia, chez un mécanicien de machines de chantier...
Bref, quand je vous disais que c'est l'aventuuuuuure !
Comme dans toute aventure, les difficultés — la cale moteur vide, les incertitudes et les inquiétudes — sont contrebalancées par une multitude d'aspects positifs:
c'est très pédagogique d'avoir vu le moteur entièrement désossé. Oui, oui, absolument.
Cet incident qui nous oblige à rester à Valdivia plus longtemps que prévu nous offre l'occasion d'un contact plus approfondi avec les gens. Avec Marcelo, par exemple, le gérant de La Estancilla, qui se met en quatre pour nous aider. Il nous emmène en voiture aux quatre coins de la ville, traduit en espagnol basique le sabir incompréhensible de Jon et donne des coups de fil à gauche à droite pour nous. Le tout avec beaucoup de gentillesse et le sourire.
Et du coup, nous avons du temps pour les mille-et-une réparations à faire sur Sir Ernest, sans lesquelles voyager en voilier serait beaucoup moins amusant. Bref, nous sommes bien occupés; autrement dit, nous travaillons tout le temps. Avec pour cadre la rivière de Valdivia. Vous en conviendrez, il y a pire ....
Eh, oh ! Nous n'allons pas nous laisser abattre. Souvent, en fin d'après-midi, nous prenons le bus pour la ville. Il faut commencer par se placer sur la route et faire de grands signes au bus numéro 20 quand il surgit en haut de la colline, car sinon, lancé à fond et pétaradant, il n'arrive pas à s'arrêter.
Nous avons tellement de choses à découvrir:
Quel est le meilleur bistrot où boire une bière ? Celui-ci est pas mal: rendez-vous de la jeunesse, comida lenta , autrement dit slow food...
Quel est le supermarché le mieux achalandé — en fait, cela sera peut-être bien celui où il y a du Nutella ?
Y a-t-il une vraie librairie à Valdivia ?
Où se trouve le magasin de peinture pour acheter l'antifouling ?
Où est le cinéma ?
Et quand nous commencerons à nous ennuyer, il sera temps d'aller faire un tour dans les environs. Voir le lac LLanquihue (prononcer Iankioué), Panguipulli, tous ces noms de lieux extraordinaires qui arborent leur racine indienne...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire