dimanche 1 février 2015

Das gute Bier

En arrivant à Valdivia, en avril 2014, Mahaut et moi, quelle n’a pas été notre surprise en voyant les grandes affiches vantant Kunstmann — das gute Bier. Oui, vous avez bien lu. En allemand.



Et il n’y a pas que la publicité pour la bière qui évoque l’Allemagne. Chez Entrelagos, le chocolatier chic de la ville, toutes les vendeuses sont en dirndl, robes à décolleté pigeonnant et blouse à dentelles. On se croirait en Bavière ou en Autriche.

Ici, gâteau se dit  Kuchen. Au café Hausmann, tout près du pont, on mange les meilleures hamburgers de la ville.  Une compagnie de bomberos — les pompiers, s’appelle Germania. Le collège privé le plus huppé de Valdivia, le plus cher aussi, est l’Instituto Alemán Carlos Anwandter. De nombreuses rues portent des noms allemands. Le Club de Yates Valdivia s’appelait il y a quelques années Segel Verein Valdivia, cela ne s’invente pas ! Et tous les présidents historiques du Club de Yates ont des patronymes trahissant leur origine: Schwartzenberg, Hilker, Antebach. Aujourd’hui encore, le président du Club se nomme Carlos Schultz Oettinger et son vice-président Jaime Viteri Gratzl...
Remontons au milieu du 19e siècle pour comprendre. A l’époque, le Chili cherche à conquérir le nord et le sud de son futur territoire. Et quoi de mieux, pour ce faire, que de le peupler avec des colons — même si tout le territoire austral est habité par les indiens Mapuches ?

Pour toutes sortes de raisons, l’Allemand est considéré comme le meilleur candidat à l’immigration. En particulier, comme la région des lacs de Valdivia à Chiloé ressemble beaucoup à l’Europe, on pense que les Allemands auront moins de mal à s’acclimater. Entre 1846 et 1875, 3000 personnes, bourgeois, artisans et paysans, vont venir s’installer au Chili. Il y en aura d’autres, plus tard, mais le nombre importe peu. On dit d’ailleurs ici: “Au Chili, les Allemands ne se comptent pas, ils se pèsent ».

Aujourd’hui, les Deutschchilenenles Chiliens d'origine allemande, ont la nationalité chilienne, sont bilingues, et leur patronyme trahit leur ascendance. Ils sont au sommet de la hiérarchie sociale dans cette région du sud.

Il y a quelques jours, un ancien dueño del Club, est venu faire un tour à La Estancilla, accompagné de son fils et d'un Marcelo aux petits soins. Avisant notre pavillon suisse, ils nous ont adressé la parole en un allemand parfait, quasi sans accent.

Et ce week-end de fin janvier, c'était la Bierfest Kunstmann à Valdivia. Un événement au Parque Saval, pour lequel il fallait débourser 6500 pesos (environ 10 CHF) pour pouvoir assister aux danses folkloriques et écouter la musique traditionnelle... allemande. Au Club de Yates, qui pour l'occasion a sorti tous ses drapeaux, la fameuse régate de la Bierfest à réuni 25 bateaux — dont une vingtaine de dériveurs, qui se sont affrontés sur la rivière. Le tout arrosé par des tonneaux de bière Kunstmann, évidemment.  

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