Mais d'abord, il faut que je vous raconte notre passage du Canal Chacao, le 19 mars. On s'engage dans le canal juste au moment de la renverse de marée et... je jette un coup d'oeil machinal au GPS. Ouh là, ça décoiffe: 8 noeuds. Pour rappel, Sir Ernest dans ses bons jours, fait environ six noeuds, mais la plupart du temps c'est plutôt 4.5.
On avance, on avance. Et la côte défile de plus en plus vite. 10 noeuds, puis 11, puis 12, puis 13.4 ! Oui, Messieurs-Dames, Sir Ernest a passé le canal Chacao à une vitesse record. Nous voyons quelques chalutiers qui marchent en crabe vers la Bahia Carelmapu, des petites barques qui rasent la côte à la recherche des contre-courants. Au milieu du canal, les otaries festoient, survolées par un nuage de goélands piques-assiettes.
A la sortie du Canal, le courant se heurte au vent et lève une mer chaotique très désagréable.
En route pour... le nord.
Et qu'y a-t-il sur cette route, à 120 milles à peu-près ? Valdivia. Et, pour une fois que cela tombe bien, la météo nous annonce 34 noeuds de vent pour la nuit de vendredi à samedi. Il n'en faut pas plus pour que nous cherchions refuge dans le Rio Valdivia. Une petite escale à La Estancilla, juste pour passer dire bonjour à Marcelo et Jonathan.
Les 400 derniers milles se sont faits tranquillement, par petit temps, à longer la côte chilienne. Quelques frayeurs dans le brouillard lorsque le radar discerne avec peine une flotille de pêcheurs qui passent, fantomatiques, à quelques longueurs de bateau.
Nous voici donc arrivés à Higuerillas. Une colonie de pélicans a élu domicile sur la digue. Il fait chaud — 25 degrés dans le bateau, végétation méditerranéenne avec lavandes, pins et palmiers. La brume s'est levée en libérant un thermique musclé et la houle de sud contourne le cap pour entrer dans le port. Les bateaux dansent, cela grince et gémit, mais Sir Ernest est fermement arrimé. Nous allons dormir une nuit complète, que demander de plus ?
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