dimanche 31 mai 2015

Bye bye Panama

Nous partons demain. Nous, ce sont Thibault, Joya et Sir Ernest.
Direction les Açores, à environ 3500 milles de Panama. Une longue route en perspective, pas très facile, et un peu tard en saison.
L'avantage de partir début juin, c'est que les vents,  généralement très soutenus dans la mer des Caraïbes, s'affaiblissent. Ce qui, de ce que je peux voir sur les fichiers météo pour la semaine à venir en tous cas, a l'air exact.
Le désavantage...  c'est que la saison des cyclones commence officiellement le 1er juin. Hum, hum, hum...  





lundi 11 mai 2015

Canal de Panama, le retour.

On pourrait se dire que, puisqu'on l'a déjà fait, passer le Canal pour la deuxième fois est facile.
Eh bien non. Pas pour moi en tous cas. Même si je n'étais pas seule à bord.

Vendredi 8 mai, à 6h30 du matin, le jour vient à peine de se lever sur Panama City que je suis dans mon annexe pour aller chercher mon équipe de handliners à terre, plus les pneus enveloppés de sacs poubelle, plus les 4 longues aussières en gros cordage flottant de 20 mm. Ils sont 4 jeunes Panaméens entre 17 et 25 ans, qui travaillent tous avec Roy Bravo, mon agent à Panama.
De gauche à droite: Roy Bravo, Yoshi, Eric, Allan, Jonathan.

Une fois tout le chargement à bord — après deux voyages à terre — nous plions l'annexe sur le pont.  Il est juste temps de lever l'ancre pour nous rendre entre la bouée 4 et 6, où nous avons rendez-vous avec l'adviser qui va nous accompagner aujourd'hui.

C'est Francisco qui embarque à bord de Sir Ernest. Et nous nous mettons en route, à contre-courant, en direction de l'écluse de Miraflores où nous devons nous présenter à 9h précises pour entrer dans the chamber.
Francisco prend la barre et moi, je prépare le petit déj' pour tout le monde. Café à la ronde, lait, sucre, petits pains aux raisins.
Pendant toute la journée, je vais ainsi alterner entre préparation des repas et conduite du bateau. Heureusement, le repas de midi est prêt dans la cocotte-minute. Un énoooorme frichti à la mode de Jo, c'est à dire avec tout dedans.

Nous allons monter jusqu'au lac Gatun en partageant les écluses avec deux bateaux de touristes, deux remorqueurs et un bateau de pêche sportive. L'avantage, c'est que nous serons à couple d'un remorqueur, le Fanfán. Sauf qu'à chaque écluse il faut se désammarer, laisser passer le remorquer, le laisser se réamarrer dans l'écluse suivante, tout en avançant lentement sans se mettre travers dans le courant.
Rien que du bonheur.

Francisco nous annonce qu'il est prévu que nous entrions dans l'écluse de Gatun à 14 heures... en sortant de la dernière écluse de Miraflores à midi.  Or, il nous faut traverser tout le lac Gatun, c'est à dire environ 21 milles de route... donc à moins de voler — ce que Sir Ernest n'a pas encore appris à faire — il nous sera impossible de respecter le timing. Nous devrons donc passer la nuit sur le lac.
Allan à la barre sur le lac Gatun, avec Yoshi et Jonathan.

Nous arrivons à 15h30 à la grosse bouée où nous nous amarrons pour la fin de la journée et la nuit. Il fait tellement chaud que sans plus attendre je distribue les serviettes de bain et tout le monde saute à l'eau. Ah... une baignade en eau douce, quel plaisir.

Mes quatre équipiers sont formidables. Sympas, compétents. On discute — dans mon espagnol lacunaire, qu'ils corrigent gentiment, je le leur ai demandé.  Ils mangent. C'est de leur âge. Mais qu'est-ce qu'ils mangent ! Je passe mon temps au fourneau: il ne reste rien du frichti de midi, ce soir le menu prévoit pâtes à la sauce au thon-légumes. Encore une pleine casserole.  En attendant, je distribue des barres de céréales pour les faire patienter. Le lendemain au petit déj', ils  engloutiront deux pains en tranches, une plaque de beurre, un demi pot de confiture...

Nous voici donc au lendemain, 9 mai, pour passer les écluses de Gatun, celles qui vont nous faire descendre vers l'Atlantique. Et cette fois nous sommes center chamber, c'est à dire que comme nous sommes le seul voilier, nous sommes au centre de l'écluse, tenus par nos 4 bouts.
Mais pas seuls dans l'écluse. Juste derrière nous, un gigantesque transporteur de voitures remplit toute la place qui reste et il s'appelle, vous l'avez vu dans le post de Thibault: Lake Geneva.
Incroyable, non ?

.
Le Lake Geneva entre dans l'écluse derrière nous. Il est tiré par les mules, les locomotives à gauche et à droite


L'adviser qui embarque à 9h30 s'appelle José. Sympa, lui aussi. Il connaît plusieurs de mes compagnons, nous formons une bonne équipe. Je suis tendue, comme toujours, on ne se refait pas.
José, adviser à la descente vers l'Atlantique.
Et finalement tout se passe bien. Une fois en bas, le gros cargo nous dépasse, la pilotine vient chercher l'adviser et nous, nous nous acheminons vers Shelter Bay Marina. Petite manoeuvre de récupération de pneu en cours de route, préparation de gros sandwiches vites faits aussi, un petit appel à la radio en même temps... on fait tout à la fois, c'est le métier qui veut ça.

Le Lake Geneva, plein de voitures neuves, nous dépasse.
Nous voici de retour en Atlantique.
Presque à la maison, hein ?


















samedi 9 mai 2015

Panama: difficile de passer le canal incognito...

Dans le rond rouge, Sir Ernest partageant l'éclusée avec le "Lake Geneva"

De nos jours, pour passer totalement inaperçu aux yeux du monde, c'est de plus en plus difficile. Des webcams bien disposées autour des écluses du canal de Panama m'ont permis de voir passer Joya. Enfin, disons que j'ai reconnu la silhouette inimitable de Sir Ernest, qui passait juste devant un énooorme machin noir, qui s'appelle "Lake Geneva" !  
Thibault

mardi 5 mai 2015

Panama again

Oui ! Je suis arrivée à Panama après 29 jours de navigation,  principalement du petit temps. Bien que j'aie eu la visite de l'Inspecteur du Canal samedi matin déjà, quelques heures après mon arrivée (merci Roy Bravo !), Sir Ernest ne transitera que vendredi prochain 8 mai 2015. Quelques jours à patienter au mouillage du côté Pacifique de Panama. Et il y a mieux, comme lieu de villégiature.

D'abord, je suis allée mouiller à La Playita. Puis, le jour suivant, j'ai dû faire le tour de la presqu'île pour me trouver un coin à Las Brisas de Amador.  La météo annonçait un épisode de très grosses vagues rendant le mouillage impraticable. A midi déjà, une houle d'environ 1m50 entrait dans la baie. Impressionnant et dangereux. Ces grosses vagues sont le résultat de très gros coups de vent au sud du Pacifique: on dirait que je suis arrivée à temps !

Un orage se pépare sur Las Brisas de Amador

Pour aller à terre depuis ce grand mouillage de Las Brisas de Amador,  c'est toujours tout une aventure. C'est même devenu pire car le ponton délabré, équipé de son petit youyou rouge plein d'eau et relié par un va-et-vient à la terre, eh bien ce ponton tombe en décrépitude. Il ne reste plus qu'un vague bout de contreplaqué entouré de fers rouillés.
Résultat: les aller-retour à terre sont limités au minimum, mais cela ne fait rien, car au programme ces jours nous avons:
dormir; dormir; dormir;
boire des sodas glacés;
manger des maracujas, de la papaye et de la salade bien fraîche;
ranger le bateau;

le préparer pour le transit - essentiellement dégager le pont et protéger les panneaux solaires.

Et demain, histoire de perfectionner ma technique de mouillage en solo,  je vais retourner à Playita - cela sera plus facile pour embarquer l'adviser et les line handlers.

Quand à vous raconter la remontée de l'Amérique du Sud... pour l'instant c'est confus. Avons-nous vraiment fait ces 2880 milles, vécu ces nuits d'orage angoissantes, pris ces bouts de pêche dans le safran, bataillé pour avancer dans 3 noeuds de vent, vu ces dizaines de dauphins sauter (enfin!!! quel bonheur !) à 50 milles de Panama ? C'est bien à nous que tout cela est arrivé ?!

Alors oui, je vous le raconterai. Dans quelques jours. Le temps de laisser décanter.






samedi 2 mai 2015

Valparaiso - Panama: ça, c'est fait

Après les messages Iridium quotidiens de ces dernières semaines, voici enfin un message de Joya par SMS, signe de la fin du parcours:
"Arrivée à Panama, Difficile mais entiers jusqu'au mouillage de Playita. Le moteur a super bien marché. Il est 1h45, au programme un petit apéro pour fêter ça et surtout DODO... Bisous"
Comme un soupir de soulagement qui traverse la maison ici...
Thibault
Le mouillage de Playita, Panama