lundi 15 juin 2015

Enfin l'Atlantique

Après 12 jours de grimpette au près serré, nous sommes entrés hier, samedi
13 juin,  dans l'Atlantique, laissant d'abord le Windward Passage (entre
Haïti et Cuba) puis le Mayanagua Passage (Bahamas), dans notre sillage.

Je redoutais le Windward. Il a mauvaise réputation, comme l'ont souvent

ces passages étroits où le vent s'engouffre avec force. Mais nous avons eu
de la chance. Nous sommes presque passés par calme plat, avant que les
Esprits gardant le Cap A'Foux, au nord-ouest de Haïti, ne s'avisent de
notre présence. Et le vent s'est relevé, et levé encore, et encore. C'est
avec trois ris et la trinquette que nous avons finalement trouvé refuge
sous le vent de Great Inagua, une île des Bahamas à quelques dizaines de
milles au nord-est de Cuba.
Là, nous avons fait une pause. Eau turquoise, alizé soutenu, bateau bien
ventilé pour chasser l'humidité, c'est fou ce que cela fait du bien.
Evidemment, cette journée de repos a été mise à profit pour faire toutes
sorte de petites - et grandes - réparations. Monter au mât pour vérifier
le feu de navigation qui, décidément, n'aime pas être secoué au près.
Remettre de l'eau dans les batteries qui n'ont pas du tout apprécié la
chaleur de Panama. Réparer le génois qui s'est redéchiré sur plus de deux
mètres ...(euh... je dirais qu'il est cuit, archi-cuit, le pauvre). Et
puis se baigner dans de l'eau transparente à 28.5 degrés, prendre l'apéro
tranquillement au soleil couchant, dormir à plat.

Avant de rejoindre l'Atlantique, il nous restait à nous faufiler entre les

îles du sud des Bahamas environnées de leurs cays. Contrairement aux
grandes îles, Haïti, Cuba, la Jamaïque, qui sont hautes et verdoyantes,
Great Inagua et ses voisines émergent à peine de la mer. Il faut avoir le
nez dessus pour les voir. Le pilône-radio de l'aéroport apparaît comme un petit
piquet sur l'horizon, une frange sombre et dentelée indique un bouquet de
végétation, une jolie bande d'écume blanche signale un récif débordant
largement la pointe de l'île ou pire, juste posé là, au milieu de notre
route. Il faut naviguer les yeux ouverts et, la nuit, faire confiance à
l'électronique.

On attendait l'Atlantique comme une Mer promise. Ah, enfin pouvoir

abattre, ouvrir les voiles et se laisser glisser...
Mais non, faux espoirs. Nous sommes toujours au près serré, tribord
amures, bien gîtés sur babord et cela va encore durer plusieurs jours. Le
vent est obstinément orienté est-nord-est, les Açores sont à 2500 milles
au nord-est, c'est vite vu.
Enfin, est-ce parce que c'est dimanche ? Le vent a un peu baissé, la mer
s'applatit doucement. On tient le bon bout.

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