Les Antilles... vous voyez cela comment, vous ? Soleil, cocotiers et un délicieux Planteur bien frais à siroter les doigts de pieds en éventail ? Ceci, c'est l'image "office du tourisme". Pas toujours conforme, donc. A l'exemple de ce dernier week-end. Cela a commencé vendredi par des BMS (bulletin météorologique spécial) répétés annonçant ce qui suit:
Ici le CROSS Antilles-Guyane, Crossag, Crossag, Crossag. BMS no 36. Avis de grand frais pour St Barth et St Martin, force 6 à 7, rafales de 40 à 50 noeuds, mer forte avec vagues de 3m40 à 3m80 en fin de nuit.
Aïe aïe aïe... ok ok, ce n'est pas l'annonce d'un ouragan, mais des rafales à 50 noeuds... cela m'effraie un peu beaucoup je dois dire. Et le fait d'être toute seule accroît mon angoisse. La peur principale étant celle.ci: que faire et comment faire si le bateau se met à chasser - à dériver parce qu'il ne tient plus sur sa chaîne ?
J'ai de l'eau à courir sous le vent, ce qui veut dire que je peux dériver un bon moment avant de m'échouer sur une plage, le mouillage est grand, mais quand même... Et surtout, avec la force du vent, je serais peut-être incapable de remonter les 30 mètres de chaîne, donc il faudrait la laisser sur place... oh galère !!
Première solution, toujours la même: anticiper.
Alors j'ai rallongé la chaîne (30 mètres dans 3 mètres d'eau, vous croyez que cela suffira !?), remonté le moteur de l'annexe sur le tableau arrière de Sir Ernest (pour ne pas risquer de l'endommager si par malheur l'annexe se retournait pendant une rafale), péparé la 2e ancre (au cas où), fermé tous les capots, vérifié le niveau d'huile et de batterie de Mister Perkins et attendu le début des hostilités... Qui ne se sont pas faites attendre!
Samedi et dimanche, deux jours de vent très fort et de pluies intenses. Une nuit de veille, à écouter les BMS se succéder heure par heure à la radio. Ecouter aussi les messages de détresse : celles du voilier Doux Rêve 3, en difficulté quelque part au sud-ouest de St Martin, et que les sauveteurs de service appelaient régulièrement pour s'assurer du moral de l'équipage, de l'état du bateau, et faire le lien entre le voilier et les coast guards américains des Ìles Vierges toutes proches.
Ou encore, entendre deux capitaines, celui d'un magnifique ketch tout enguirlandé de lumières et celui d'un gros yacht à moteur qui s'appellent à 2h du matin: "You awake !?"
Je n'étais manifestement pas le seule réveillée, scrutant avec inquiétude l'anémomètre dans les rafales qui faisaient se coucher le bateau. 30, 34, 35... 39 noeuds...
Finalement, le vent ne sera pas monté à 40 ou 50 noeuds. Ouf... . Les grains orageux se sont progressivement calmés, et aujourd'hui, lundi, nous vivons la fin de cet épisode perturbé. Encore du vent, encore des vagues dans le mouillage, mais j'espère pouvoir bientôt réinstaller le moteur sur l'annexe afin de pouvoir refaire le plein de fruits et légumes frais!
J'attends toujours ces Antilles de cartes postales. Aujourd'hui elles commencent à y ressembler. Et je vous donnerai bientôt, bientôt, promis, des nouvelles de ce planteur (mon préféré, vous comprendrez aisément pourquoi, est le painkiller) que je siroterai les doigts de pieds en éventail !
Recette du painkiller:
2, 3, 4 mesures de rhum ambré - ou blanc - comme vous voulez
4 mesures de jus d'ananas
1 mesure de crème de coco
1 mesure de jus d'orange
de la noix de muscade moulue
plein de glaçons
Enjoy !
Joya
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