dimanche 15 mars 2015

En allant à Puyuhuapi

Puyuhuapi ( prononcer pouillou-ouappi) est un endroit qui se mérite. Venant par la mer, il faut monter au nord, tout au bout du bout du Canal Puyuhuapi, un long fjord de 70 milles (140 km) de long. Des montagnes sombres couvertes d’une forêt impénétrable tombent verticalement dans la mer.


Un décor majestueux
Parfois un sommet enneigé ou un glacier suspendu surgit au détour. A mi-chemin de Puyuhuapi, voici Cisnes — les gens d’ici disent sidné. Impossible de s’arrêter là. La baie n’est absolument pas protégée et c’est beaucoup trop profond pour ancrer.


La longue remontée du Canal Puyuhuapi

Nous trouvons refuge pour la nuit dans le Seño Morras, juste au moment où le vent annoncé se met à blanchir le Canal. A l’entrée, une salmonera. Au fond, une grande plage, deux maisons à la cheminée qui fume, une barque bleue et blanche.
Au fond du Seño Morras
Un pêcheur nous hèle: “Prenez-donc le coffre là-bas, à droite. On l’a installé pour les yates. Il va faire mauvais, accrochez-vous aux arbres !”

Bientôt il fait nuit, la pluie tombe du ciel comme dans les films américains, le bateau bien amarré est secoué par les rafales de vent.

Le lendemain matin, Julio vient nous rendre visite. La quarantaine, une bouille toute ronde et des yeux pétillants, Julio se raconte:  il travaille comme plongeur pour la salmonera de la baie voisine. Son boulot: descendre au fond des nasses — il plonge à 20 mètres avec un compresseur et un simple détendeur au bout d'un long tuyau — pour ramasser les poissons morts. De 40’000 à 50’000 bêtes se bousculent dans ces enclos marins, et les dueños — les patrons, sont pointilleux: il faut noter précisément le nombre d’animaux morts. En fait de saumons, ici on élève des truites. Julio nous apprend que les poissons d'ici sont exportés dans la Communauté européenne. Alors... le saumon et la truite estampillés “du Pacifique” que nous achetons à Carrefour ont peut-être grandi ici, dans le Canal Puyuhuapi. Et les patrons des élevages sont Norvégiens. 
Parce qu’ici cela ressemble à la Norvège, non ? explique Julio en riant.

Plongeur dans une salmonera est un boulot difficile et dangereux, mais très bien payé: 1500 dollars pour 15 jours de travail. Julio travaille 15 jours de suite puis il a droit à 10 jours de congé qu’il passe à Cisnes avec sa famille — un fils et une fille de 15 et 21 ans, 9 neveux et nièces. Apparemment Julio passe aussi beaucoup de temps sur son ordinateur: il adore Facebook, a des amis dans le monde entier, et nous demande de lui copier des films et de la musique sur sa clé usb.

Julio Ramon Ruiz Santana, plongeur de salmonera.


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