jeudi 9 avril 2015

Nuit solitaire

Déjà sept jours que nous sommes partis pour Panama. Et sept nuits. Je vous raconte la dernière. Comme d'habitude, la journée se finit en beauté par l'apéro (une chiquitita poignée de chips et un verre de coca - faut que cela dure), puis par la préparation du repas (cassolette de légumes du marché et son effeuillée de jambon Serrano - on ne se laisse pas abattre).

Hier soir, donc, le vent se met à forcir tranquillement. C'était annoncé, pas de problème, au contraire tant mieux, on va avancer. Cédant à ma flemme légendaire, je décide de garder l'artimon, histoire d'avancer un peu plus vite. Bon, là on parle déjà d'un Sir Ernest qui bondit de vague en vague à 6-7 noeuds ! La nuit tombe, c'est un peu plus fort, je mets le nez dehors pour juger de la situation et là ! Sur l'horizon, au nord et à l'ouest, deux taches blanches en halo. Ce n'est pas la lune, trop tôt, mauvaise orientation. J'allume l'AIS. Rien, c'est au dessous de l'horizon. Mais lumineux à ce point ?
J'affale l'artimon qui ne cesse de nous envoyer au lof - dans la nuit, évidemment, vous voyez le résultat de la flemme légendaire ?

Après un moment, un premier écho AIS m'informe. C'est un bateau-usine chinois, accompagné de ses multiples rejetons. Au cours de la nuit, j'ai compté jusqu'à onze halos un peu partout autour de moi. Inutile de dire que j'ai très peu dormi.
A 6 milles du Nigtai12 ses projecteurs sont aveuglants et, chose bizarre, il est accompagné d'un objet volant (non identifié à ce stade). Un drone ? Pour quoi faire ?
En tous cas, un objet est en vol stationnaire au-dessus du navire, qui clignote, disparaît parfois, réapparaît. Très bizarre.

Il y a deux jours j'avais cru voir un bateau sur l'horizon, une lumière orange stationnaire qui avait ensuite disparu. Ne voyant rien ni à l'AIS ni au radar , j'avais mis cette apparition au compte de la fatigue. Mais je suppose qu'il s'agissait déjà de ce "drone".

Vous imaginez, cette flotille de Chinois, si loin de chez eux, à environ 300 milles nautiques de la côte chilienne ? Une chose est sûre. Il ne doit plus y avoir grand chose de vivant sous la mer une fois que tous ces pêcheurs sont
passés.

Au petit matin, le Nigtai12 passe sur ma gauche, immense. Il est suivi à une dizaine de milles par le Nigtai26, qui, je le vois aux jumelles, est un bateau en bois à la forme chinoise caractéristique. Où sont passés les autres ?
Pas trop près, je l'espère...

Ce n'est pas très rassurant, tout ce monde autour de moi.
Joya

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