jeudi 26 décembre 2013

Joyeux Noël et bonnes vacances !

Joyeux noël ! Et bonnes vacances ! Ça, c’est sûr, nous sommes en vacances. Mais on se croirait plus en été qu’en plein décembre. Ici, il fait chaud et humide, il y a des palmiers à la place des sapins et la mer à perte de vue. Noël sous les tropiques, c’est assez étrange. Il est difficile de se mettre dans l’ambiance quand, sur la table, un ananas trône à côté du foie gras. Heureusement, Joya a joliement décoré le bateau avec des boules de Noël et des guirlandes.

Nous avons l’habitude de fêter noël le soir du 24 et c’est donc avec bonheur que nous nous sommes réunis autour de la table. En entrée, des accras avec du painkiller (punch au rhum avec des jus de fruits multiples) puis des mini-toast avec du saumon et du foie gras et du champagne. C’était vraiment exotique et paradoxal, mais c’est ça qu’on aime, après tout.
Nous n’avons pas beaucoup souffert du décalage horaire, simplement parce que nous étions déjà dans le bon rythme. Nous nous levons à 7h heure locale (et donc midi à Genève) et nous nous couchons vers 20h (une heure du matin à Genève). C’est tout simplement le rêve pour moi ! Ici, la nuit tombe très tôt et très vite. A six heures précise, c’est la nuit noire. Après le repas du soir, il n’y a plus grand chose à faire et nous nous couchons assez vite. Sauf hier, nous avons fait une petite exception pour regarder un épisode d’une série sur l’ordi de Joya. Nous avons pris plein de séries avec pour ne pas être trop en manque... Hier soir, c’était le premier épisode de la saison 3 de Borgen, une série danoise absolument géniale et l’une de nos série familiale officielle. Vous auriez dû voir le sourire de Joya après (nous ? accros ? pas du tout...).


Nous sommes certes en vacances, mais nous n’avons pas chômé pour autant ! Les feux de tête de mat de marchaient plus depuis plusieurs semaines et il s’est avéré que les cables ont été sectionnés à l’intérieur du mat. Comment ? Mytère...Toujours est-il qu’il a fallu racheter du fil électrique. Thibault vient de finir d’installer le cable (à l’extérieur du mat, cette fois) et les feux marchent !! Quel soulagement. Moi, je me suis occupée de créer un récupérateur d’eau avec du fil et une vieille bâche. Cela faisait un moment que Joya se disait qu’il était dommage de ne pas récuperer toute la pluie des grains (ces minis orages super violent et assez courts). J’ai hâte qu’il pleuve pour vérifier l’efficacité de mon sytème, alors évidemment, il n’y a plus un seul nuage à l’horizon. Ah, la météo...

Ce soir, nous partons vers Panama. Il faut encore ranger le bateau pour qu’il soit en condition de traversée, mais nous avons déjà fait les formalités et l’avitaillement finale. La traversée va probablement durer un peu plus d’une dizaine de jours, nous vous redonnerons des nouvelles de l’autre côté de la mer des Caraïbes. Avec un skipper et trois bons équipiers, cela va être une petite promenade de santé ! Enfin, espérons que le vent sera favorable.

A bientôt !


Mahaut

lundi 23 décembre 2013

En attente du dernier avion

Salut tout le monde !

Je vous écris depuis mon petit smartphone de rien du tout en p rofitant des deux heures gratuites de connexion de l'aéroport de Pointe-à-Pitre. Solenn, Thibault et moi attendons patiemment le dernier vol de la journée pour St Martin. Il est 15:00 heure locale, il fait 28°C et le temps est un peu nuageux. Nous avons été accueilli par un peu de pluie mais maintenant le soleil brille. Malheureusement, nous somme confinés dans une petite salle d'attente et nous ne pouvons pas profiter du soleil et de la chaleur. Mais bientôt, tout ce trajet sera fini.
  Tous les vols se sont bien passés et les huit heures de vol n'ont même pas été pénible. Au programme télé, j'ai regardé une episode de The good wife, un épisode de Lie to me, le film White House Down, une mini-série antillaise Domino et une partie du spectacle de Florence Foresti. Ce qui est sûr, c'est que je ne me suis pas ennuyée et j'ai profité à fond des séries.
Je ne ressens pas encore la fatigue mais je me doute que ça va arriver.
 Voilà pour les nouvelles. Le plus grand changement, c'est clairement la chaleur. Comme a dit mon frère : "Quelqu'un a fait une fausse manip' avec le radiateur, c'est pas possible !"
Bref, joyeux noël à tous en avance et à bientôt pour d'autres nouvelles !

Mahaut





dimanche 22 décembre 2013

Au revoir Genève

La valise trône au milieu de ma chambre, entourée de tous les habits que je ne vais pas prendre avec, des appareils qui sont toujours en train de charger, des livres que je dois laisser ici faute de place... Cette fois, c'est du sérieux. Demain matin, réveil à trois heures et demi pour arriver à l'aéroport à quatre heures. Un premier avion jusqu'à Paris, puis un vol intercontinental jusqu'à Point-à-Pitre et enfin un petit vol local jusqu'à St-Martin. Cela va être une longue journée...

Je vais enfin retrouver le bateau Sir Ernest et ma maman chérie. Mon père et mon frère m'accompagne pour les vacances. Ensemble nous traverserons la mer des Caraïbes pour le Canal de Panama. Ensuite, ce sera le plongeon dans le grand bain, sans mauvais jeux de mot. Joya (oui, je sais, c'est étrange d'appeler sa mère par son prénom mais c'est comme ça) et moi seront seules pour rejoindre les Galapagos puis l'île de Paques et enfin le Chili. J'ai tellement hâte ! Et pourtant...

Et pourtant, tant de sentiments contradictoires bouillonnent en moi... De l'appréhension, quand même. Parce qu'on ne plonge pas vers l'inconnu sans un petit peu de crainte. De la tristesse, parce que je laisse tous ceux qui me sont chers derrière, même si ce n'est pas pour très longtemps. De la joie intense aussi. Retrouver l'océan, les tropiques, la chaleur. Je vais pouvoir remettre des shorts, je n'aurai plus besoin de ma grosse doudoune ! Et puis, pouvoir enfin serrer ma maman dans mes bras. Mine de rien, c'était long cette séparation.
Je ressens surtout de l'incrédulité. Malgré toute la logique qui me prouve le contraire, je suis encore persuadée que je dois aller demain matin en cours de math, puis en géo et en bio. J'ai encore du mal à accepter que je pars pour de bon, que tout ça n'est pas un grand délire ou un rêve très réaliste et très long qui se terminera quand je me réveillerai. Le Voyage n'est plus quelque chose d'abstrait. Les Galapagos ne seront bientôt plus un point sur une carte mais une réalité. J'ai du mal à y croire... Mais cela va être tellement génial, tellement fou, tellement intense ! Bientôt, le déni idiot dont je n'arrive pas à me débarrasser va tomber et je vais enfin pouvoir profiter de cette magnifique réalité qui m'attend.

Alors voilà, adieu Genève, adieu tout le monde. Souhaitez-nous bon vent et on se retrouve dans quelques mois. N'oubliez pas de venir ici prendre de nos nouvelles de temps en temps et de lire tout ce qui a déjà été écrit.

A bientôt,

Mahaut

Journées bien remplies

Je ne vous ai pas raconté beaucoup de choses, ces deniers temps. C'est que j'ai été très occupée.
Mardi, je me suis soudain aperçu que le tableau arrière de Ernestine s'était déjà pratiquement décollé du boudin de droite. Et ça, c'est une catastrophe. La fin de l'annexe. Car c'est une avarie irréparable. Et il faut savoir que sans annexe, la vie est impossible lorsqu'on est au mouillage: je ne vais pas nager jusqu'au bord!

J'ai donc cherché en urgence une annexe de remplacement: d'abord éplucher les catalogues puis visiter, à pied - car je n'osais utiliser Ernestine qu'un strict minimum - , les 2 shipschandlers de l'île .
Aujourd'hui j'ai la joie de vous annoncer que Sir Ernest a un nouveau dinghy, beaucoup plus grand, une nouvelle Ernestine. J'ai bien failli l'appeler Ernesto, vue sa taille (elle est immense), le nom serait plus approprié. Mais nous connaissons tous les superstitions attachées aux changement de noms sur les bateaux, donc finalement, Ernestine restera Ernestine. J'attends l'arrivée du reste de l'équipage pour une cérémonie de baptème en bonne et due forme.


Par ailleurs, je voulais absolument voir de mes yeux ce supermarché dont tout le monde parle ici, le Grand Marché, côté hollandais. Alors j'ai pris le bus. Ici, les bus sont des minibus bourrés de "locaux", où l'on parle indifféremment anglais, français, créole. Le trajet coûte entre 1 ou 2 euros ou dollars... on ne s'embarrasse pas du taux de change. "Vous pouvez payer en partie en euros, en partie en dollars, no problem Maam".
Ils faut d'abord que je vous dise que j'adore les supermarchés. Parce que que s'il y a une chose qui importe dans notre vie quotidienne, c'est bien de savoir où s'approvisionner, non ?
Le Grand Marché est un immense magasin où l'on trouve les produits américains et français, mais les prix sont très élevés (affichés en dollars et ... en guilders - c'est à dire en florins...!).
Je suis quand même sortie de là avec trois sacs pleins d'articles que l'on ne trouve pas côté français (genre lait d'amande, épices indiennes, farines de riz et de lentilles, trucs et machins.).C'est vite lourd lorsqu'il faut tout porter. Au retour, dans le minibus bondé, avec mes sacs... je ne vous dis pas !
Résultat de la comparaison: à mon avis, il reste plus avantageux de faire l'avitaillement du côté français.

Pour les fruits et légumes, en parlant à droite et à gauche, de l'avis général il faut acheter les produits aux doudous dans la rue. Contrairement aux supermarchés qui vendent des carottes, des salades et des mangues provenant des Etats-Unis et réfrigérés, les doudous s'approvisionnent en Dominique, en République Dominicaine, ou sur l'île. Je préfère ! J'irai donc lundi matin rendre visite à celle qui se tient en face de Yamaha à Sandy Ground. Il y a aussi, paraît-il, une ferme bio tenue par des rastas à la sortie de Marigot. Si j'ai le temps, j'aimerais aussi y faire un tour.
Cela fait 3 semaines que je suis là et j'ai fait tellement de découvertes et de rencontres! J'adore le mélange entre les trois langues. Même les enfants, qui vont à l'école plublique française, parlent ce sabir coloré lorsque je les croise à la sortie des classes, à 15h30.

Ici comme en Europe, c'est Noël, ou presque. Le père Noël est passé hier au centre commercial Howell pour les petits. Il y a des fêtes à tous les coins de rue (des ventes de gâteaux, punchs divers et variés, jambon de Noël et son tourniquet, sorte de petit pain à la farine de cèpes et de froment). Et le soir, les tambours sont de sortie, mais je ne connais pas Marigot by night. Je ne me suis pas aventurée en ville à la nuit tombée. Il faudrait rester ici plus longtemps... mais dans deux ou trois jours, Sir Ernest va continuer sa route. Car demain, lundi, le reste de l'équipage arrive !
Et voici les messages que l'on rencontre, au détour des rues de St Martin:

Plutôt sympa, comme déclaration, non ? Oui je sais je sais, mais cela ne fait rien, c'est sympa quand même….







samedi 14 décembre 2013

Marigot pratique

Pour celles-et ceux que cela intéresse, voici un petit aperçu de ce que l'on peut trouver à Marigot, donc du côté français de St Martin. C'est ce qui est bien avec les voyages en bateau: on a tout de suite besoin de repérer les magasins utiles et cela nous donne une bonne connaissance de la ville.

La baie de Marigot est immense, on y trouve toujours de la place. Les fonds sont à peu près constants, entre 2m90 et 3 mètres. Je ne suis pas allée sonder tout près du bord, mais de toutes façon, il n'y a plus de places. C'est du sable vaseux, l'ancre remonte très noire, mais quand l'eau est calme il y a plein d'étoiles de mer et de poissons. L'eau est turquoise sous le soleil. Fond de très bonne tenue.

Pour débarquer il y a le choix entre un ponton à côté de la gare des petits ferrys qui font la navette avec Anguilla ou St Barth, ou on peut passer par l'intérieur de la marina Fort Louis. Très luxe cette marina,  très beaux bateaux, mais on peut y prendre des douches (attention, temps limité !!), faire la lessive et la sécher. C'est assez cher.  On peut aussi venir avec des jerricans et acheter de l'eau. Entrée et sortie de la marina pour les plaisanciers au mouillage pendant les heures d'ouverture du bureau (8 - 18h).

De la baie de Marigot on peut rejoindre le lagon à l'intérieur de l'île par un chenal. Le pont s'ouvre le matin et l'après-midi pour laisser entrer et sortir les bateaux. Il y a aussi un pont du côté hollandais.
A l'entrée du chenal il y a une station service pour bateaux où on peut faire les pleins de fuel, d'essence pour le dinghy et d'eau. Il y a du courant: donc les manoeuvres avec un bateau peuvent se révéler hasardeuses et le ressac est assez fort. Moi, vous me connaissez, je fais les pleins avec l'annexe: les 5 bidons de 25 litres de fuel, les multiples bouteilles de 8 litres d'eau pour remplir la vache à eau. Il faut parfois plusieurs voyages....

Juste à côté de la station service se trouve le ponton de Budget Marine, un des 2 shipchandlers de l'île C'est aussi là qu'il faut laisser l'annexe pour aller chez le voilier (Incidences) qui se trouve juste derrière Budget Marine. Un peu plus loin vers le lagon (en remontant le chenal donc) un autre ponton, celui de Yamaha.

Il y a un autre shipschandler sur l'île, Island Waterworld. On trouve une minuscule boutique à la marina Fort Louis et, paraît-il, un nouveau magasin au rond point vers Sandy Ground. Quand j'ai passé devant il n'y avait rien mais cela devrait ouvrir sous peu.

La plupart des plaisanciers ont des grosses annexes, et vont donc faire leurs achats côté hollandais. J 'ai trouvé que les prix en dollars restaient très chers. Et j'ai testé pour vous les distances - Ernestine, enfin son moteur... n'a pas du tout aimé !

Pour l'avitaillement: il y a deux supermarchés à Marigot. Un Super U sur la route de Grand Case (compter 15 min de marche depuis la marina) et un Simply juste après le pont du chenal (compter 7 minutes de marche depuis le ponton de Yamaha, en crapahutant vers la route). On m'a parlé de deux supermarchés très avantageux côté hollandais, le Bon Marché et Cost me Less vers Phillipsburgh. Je n'ai pas encore testé.
Pour le frais il y a un marché sur le front de mer. Surtout le mercredi et le samedi — avec les produits locaux, ignames, patates douces, tomates, mangues, fruits de la passion, etc... Sinon en supermarché tous les produits sont réfrigérés.


Pour le gaz: on peut échanger les bouteilles de camping gaz au Home&Tools à la sortie de Marigot sur la route des Phillipsburgh (26€90); on peut aussi tout déposer chez Budget Marine le mercredi matin avant 9h et récupérer les bouteilles le même jour (pour une Camping Gaz c'est alors 30€). Island Waterworld offre aussi un service d'échange de bouteilles, le lundi. La dernière solution, celle que j'ai choisie, est de faire l'échange de bouteilles de gaz chez Tac-Gaz , à 400 mètres du port sur la route de Grand-Case. Ouvert tous les jours, y compris le samedi matin.

Quincailleries et magasins de bricolage: le Home & Tools (on y trouve beaucoup de choses à part le gaz) et plusieurs magasins d'outils en direction de Grand Case, donc vers le Super U (mais plus pour du gros oeuvre je crois).

Wifi: payant à la marina de Fort Louis. Avec ma super antenne, je capte même depuis le mouillage — enfin pas toujours. Sinon, les bistrots du bord de mer ont du réseau. Là je vous écris depuis l'Arhawak, en sirotant un soda glacé.

Evidemment il y pléthore de boutiques d'alcool, de cigares, de fringues (Pimkie, Celio et Promod à côté des fringues de luxe)...

Une grande boulangerie au centre ville (2 minutes depuis le ponton); une librairie - Maison de la Presse; plusieurs pharmacies; des magasins de chaussures;
En revanche je n'ai pas encore trouvé ... d'ouvre-boîte et de presse citron ! Eh non, nulle part ! Je continue de chercher...

Joya

mercredi 11 décembre 2013

Pourquoi ?


   On m'a plusieurs fois posé cette question toute bête : pourquoi fais-tu ce voyage ? Sans vraiment y réfléchir, j'ai à chaque fois répondu : « Parce que c'est mon rêve. »
Mais est-ce que c'est vraiment aussi simple ? Et puis, qu'est-ce que c'est exactement mon rêve ?

   Je ne sais pas vraiment ce que je cherche en partant à l'autre bout de la Terre. Depuis que je suis toute petite, je rêve de voyager, de faire plein de choses et de découvrir tout ce qu'il est possible de découvrir. Je me dis souvent : « Je ferais ça quand je serais plus grande. ». Je pense que c'est pour contredire cette phrase que je pars. Pour prouver qu'il ne faut pas forcément être majeure, adulte ou même à la retraite pour accomplir nos rêve. Ma mère dit toujours: Morgen, morgen, nur nicht heute, sagen alle faule Leute (Demain, demain, juste pas aujourd'hui, disent tous les gens paresseux). Si nous pouvons faire ce voyage cette année, il n'y a aucune raison valable de le repousser.
   En plus, c'est une manière de me prouver que je suis capable d'accomplir des choses. Je sais que ce ne sera pas toujours facile. Il y aura des tempêtes, des problèmes, des frayeurs, comme toujours avec ce genre de voyage, et je veux me montrer à moi-même que je suis capable de faire face aux difficultés.


    Et puis, la destination, l'endroit, les îles. Les îles Galapagos sont un lieu que je rêve de visiter, pour tout ce qu'il a de mythique et de paradisiaque. J'aimerais enfin mettre des images concrètes sur tout ce que j'imagine. Et puis, l'île de Paques. Cette escale est à mettre entre parenthèse parce qu'il est difficile d'y accéder à cause de la houle qui remonte de l'Antarctique qui peut être dangereuse et qui peut tout simplement nous empêcher d'y accoster. Mais j'ai vraiment très envie d'y aller. Il n'y a pas vraiment de raison, je crois que c'est simplement à cause de vidéos et de photos qui m'ont donné envie de voir de mes propres yeux les Moaïs. Et puis, c'est l'île habitée la plus éloignée de tout autre terre. Y aller serait une sacrée victoire.

   Je ne pense pas que j'aie de rêves précis. J'ai juste envie de voyager, de visiter, de casser la routine, aussi. J'ai surtout envie d'apprendre.

   Alors voilà pourquoi je pars, pourquoi j'ai hâte même si j'ai encore énormément de mal à réaliser. Deux ans et des poussières après avoir lancé une idée en l'air, Joya est de l'autre côté de l'océan et je me prépare à la rejoindre.
   C'est fou comme un petit rêve d'aventure peut devenir un voyage aussi concret.


Mahaut

lundi 9 décembre 2013

Comme on se l'imagine

Les Antilles... vous voyez cela comment, vous ? Soleil, cocotiers et un délicieux Planteur bien frais à siroter les doigts de pieds en éventail ? Ceci, c'est l'image "office du tourisme". Pas toujours conforme, donc. A l'exemple de ce dernier week-end. Cela a commencé vendredi par des BMS (bulletin météorologique spécial) répétés annonçant ce qui suit:

Ici le CROSS Antilles-Guyane, Crossag, Crossag, Crossag. BMS no 36. Avis de grand frais pour St Barth et St Martin, force 6 à 7, rafales de 40 à 50 noeuds, mer forte avec vagues de 3m40 à 3m80 en fin de nuit.

Aïe aïe aïe... ok ok, ce n'est pas l'annonce d'un ouragan, mais des rafales à 50 noeuds... cela m'effraie un peu beaucoup je dois dire. Et le fait d'être toute seule accroît mon angoisse. La peur principale étant celle.ci: que faire et comment faire si le bateau se met à chasser - à dériver parce qu'il ne tient plus sur sa chaîne ?
J'ai de l'eau à courir sous le vent, ce qui veut dire que je peux dériver un bon moment avant de m'échouer sur une plage, le mouillage est grand, mais quand même... Et surtout, avec la force du vent, je serais peut-être incapable de remonter les 30 mètres de chaîne, donc il faudrait la laisser sur place... oh galère !!
Première solution, toujours la même: anticiper.
Alors j'ai rallongé la chaîne (30 mètres dans 3 mètres d'eau, vous croyez que cela suffira !?), remonté le moteur de l'annexe sur le tableau arrière de Sir Ernest (pour ne pas risquer de l'endommager si par malheur l'annexe se retournait pendant une rafale), péparé la 2e ancre (au cas où), fermé tous les capots, vérifié le niveau d'huile et de batterie de Mister Perkins et attendu le début des hostilités... Qui ne se sont pas faites attendre!
Samedi et dimanche, deux jours de vent très fort et de pluies intenses. Une nuit de veille, à écouter les BMS se succéder heure par heure à la radio. Ecouter aussi les messages de détresse : celles du voilier Doux Rêve 3, en difficulté quelque part au sud-ouest de St Martin, et que les sauveteurs de service appelaient régulièrement pour s'assurer du moral de l'équipage, de l'état du bateau, et faire le lien entre le voilier et les coast guards américains des Ìles Vierges toutes proches.
Ou encore, entendre deux capitaines, celui d'un magnifique ketch tout enguirlandé de lumières et celui d'un gros yacht  à moteur qui s'appellent à 2h du matin: "You awake !?"
Je n'étais manifestement pas le seule réveillée, scrutant avec inquiétude l'anémomètre dans les rafales qui faisaient se coucher le bateau. 30, 34, 35... 39 noeuds...

Finalement, le vent ne sera pas monté à 40 ou 50 noeuds. Ouf... . Les grains orageux se sont progressivement calmés, et aujourd'hui, lundi, nous vivons la fin de cet épisode perturbé. Encore du vent, encore des vagues dans le mouillage, mais j'espère pouvoir bientôt réinstaller le moteur sur l'annexe afin de pouvoir refaire le plein de fruits et légumes frais!
J'attends toujours ces Antilles de cartes postales. Aujourd'hui elles commencent à y ressembler. Et je vous donnerai bientôt, bientôt, promis, des nouvelles de ce planteur (mon préféré, vous comprendrez aisément pourquoi, est le painkiller) que je siroterai les doigts de pieds en éventail !

Recette du painkiller:
2, 3, 4  mesures de rhum ambré - ou blanc - comme vous voulez
4 mesures de jus d'ananas
1 mesure de crème de coco
1 mesure de jus d'orange
de la noix de muscade moulue
plein de glaçons

Enjoy !



Joya

samedi 7 décembre 2013

Arrivés à St Martin

Sir Ernest est arrivé à St Martin mercredi 4 décembre à 7h30 locales, après exactement 4 semaines de traversée. Partis mercredi, arrivés mercredi.Une navigation dans des vents n'excédant jamais 25 noeuds, avec deux épisodes de calme plat pendant lesquels nous avons rongé notre frein en attendant que le vent revienne.
L'arrivée, comme toujours, est magique. D'abord, 100 milles avant, la visite d'une hirondelle, et un peu plus tard, celle de notre première frégate, ce bel oiseau noir qui ressemble à un dragon. A la nuit, environ 50 milles avant Marigot,  les lueurs des îles sont visibles sur l'horizon.
 Sir Ernest s'est glissé entre Anguilla et la côte nord-ouest de St Martin, doublant au passage de petites barques de pêche dont on distinguait à peine le feu de navigation mais que l'on pouvait sentir à l'odeur: poisson et clope du pêcheur.
Au lever du jour, après deux heures de moteur à bas régime pour éviter d'arriver de nuit au mouillage, l'ancre est tombée dans 3 mètres d'eau turquoise.
Puis: d'abord les formalités; ensuite faire réparer le moteur de l'annexe qui a refusé de démarrer - c'est à dire, commencer par aller, à pied, acheter une bougie neuve chez le concessionnaire Yamaha (1/2 heure de marche aller); revenir à l'annexe (1/2 heure de marche retour), changer la bougie, constater que cela ne démarre toujours pas; aller chercher un taxi sur la place et lui demander d'attendre le temps que je démonte le hors-bord du tableau arrière de l'annexe, et retourner chez Yamaha; attendre le diagnostic des "docteurs"...  Qui tombe bientôt: carburateur bouché. Ils m'ont promis le moteur réparé pour le lendemain. Et ce fut fait.
Cette mésaventure m'a offert de magnifiques rencontres: celle de Rosy, chez qui je suis allée manger à midi. Un de ces petits snacks locaux où on mange des fried chicken wings ou de la banane plantain. Celle de David chez Yamaha, tellement sympa, et de son mécanicien, tellement efficace; la doudou à laquelle j'ai acheté trois fruits de la passion et une mangue m'en a mise une de plus dans le sac
Et puis nous sommes aux Antilles: il fait chaud, moite, du zouk sort à plein tubes de chaque voiture, les gens sont souriants, ils parlent un mélange de français et d'anglais, le porte-monnaie se vide à grande vitesse - ça, c'est St Martin.