mardi 28 janvier 2014

Montrer patte blanche à l'arrivée

Je sais, je sais, nous sommes mardi 28 janvier et cela fait déjà quatre jours que nous sommes arrivées. Nous avons fait plein de trucs mais, avant de vous parler des bébés lions de mer trop chous, des crabes rouges et turquoises, des iguanes, du tri sélectif des ordures, de la gestion de l’eau et de toutes ces choses passionnantes, il faut que je vous raconte l’arrivée à Puerto Baquerizo Moreno. Ce moment impérissables de l’arrivée qu'est la clearance, en d’autres termes les formalités de douane et d’immigration. Alors voilà, petit retour en arrière dans le temps:


Il est 8 heures du matin, vendredi dernier. Nous avançons lentement dans la baie, regardant autour de nous où nous allons bien pouvoir nous mettre.  Nous nous faufilons entre un cargo en train de décharger sa marchandise sur des barges qui font l’aller retour avec le quai (des palettes de bouteilles de coca, les rouleaux de PQ, les sacs de ciment, les cartons de trucs et de machins, c’est un va-et-vient continuel)  et un gros yacht à moteur.

Le voilier suédois qui, contrairement à nous, ne s’est pas arrêté pour attendre la fin du grain, vient de mouiller sur la gauche. Ok, cela me va aussi, allons de côté là.

Un water-taxi se rue sur nous:

Avez-vous besoin d'un agent ?
Non non, nous en avons un, c’est Bolivar Pesantes.
Ah bon, alors je vais le prévenir de votre arrivée.

Trop sympa !

Il faut que je vous explique. Un agent (maintenant vous savez ce que c’est !) est obligatoire aux Galapagos, à partir du moment où vous voulez visiter plusieurs îles. Il va se charger de vous obtenir un autografo, le sésame qui ne vous permet pas de découvrir les îles à votre guise, non, mais qui vous autorise seulement à vous rendre dans les ports des trois îles principales: San Cristobal - où nous sommes - Santa Cruz et Isabella.
Sans autografo, vous ne pouvez visiter qu’une seule île.

Bolivar Pesantes arrive sous la pluie battante en water-taxi avec sa petite mallette noire, et repart presque aussitôt avec nos passeports, les papiers du bateau, le certificat de fumigation de Panama... et après nous avoir délestées, hop-là, de 1000 $. Il promet de revenir plus tard avec les autorités pour la redoutable visite sanitaire.
Avisant au passage la canne à pêche dans le balcon arrière il me conseille de la dissimuler à l’intérieur du bateau. Dans l’intervalle, nous avons quelques heures devant nous pour ranger le bateau et dormir un moment.

En début d’après-midi, on nous hèle: c’est Bolivar, accompagné d’un fonctionnaire de l’immigration qui veut voir nos têtes avant d’apposer le tampon sur le passeport. Incroyable! Nous n’avons même pas besoin de nous déplacer....
Puis, une heure plus tard, voici un débarquement tout ce qu’il y a de sérieux: 4 fonctionnaires et Señor Pesantes grimpent sur le bateau et s'installent tant bien que mal dans le cockpit mouillé de Sir Ernest.
Et c’est parti pour l’inspection en règle du bateau. J’avais très peur qu’on nous refuse l’entrée des Galapagos parce que nous n’avons pas de cuve à eaux noires, qui semblait obligatoire à la lecture des blogs récents.
Armé d’une lampe de poche, le fonctionnaire me fait ouvrir tous les équipets. Ceux de la cuisine, les coffres où sont rangées nos réserves, il veut voir le riz -  donde esta el arroz ? mais est rassuré de le voir en bocaux de verre ou bien serré dans des ziplock. J'ouvre tout: les coffres à outils, celui des pièces de rechange du moteur, il inspecte tous les tiroirs et soulève les t-shirts, s'arrête un instant devant les grandes Crocks de Thibault... Il jette un regard critique sous les planchers, dans la cale moteur,  absolument partout, dans tous les recoins, mais il ne pose pas la question fatidique :” Do you have a holding tank ?”... ouf !

Quelques minutes plus tard et quelques formulaires plus tard tout le monde s’en va, et nous nous retrouvons un peu groggy,  Mahaut et moi. Cette fois c’est bon, nous sommes officiellement entrées aux Galapagos. A nous les otaries, les iguanes, les fous à pattes bleues et autres merveilles !

Apéro pour fêter ça et tout de suite après, une nuit de sommeil entière pour récupérer. Quel luxe !










Passage de l'équateur !


Le passage de l'équateur pris en flagrant délit ! Latitude 0˚N 000 puis latitude 0˚S 000. Nous avons passé la frontière mythique de l’équateur.

Pour fêter ça, champagne ! ... tiède.

Merci Nèness chéri, Sir Ernest de notre coeur pour ce magnifique voyage.
Un verre pour le bateau...


...Un verre pour Poseidon...


... Et un verre pour nous !






YEEEEEEEEEEEEES !

samedi 25 janvier 2014

Le soulagement d'être arrivées

Il nous a fallu dix jours pour parcourir ce tout petit bout de carte qui nous séparait des Galapagos. Moins de temps qu'on le pensait, au final. Comme l'a dit Joya, la traversée était très jolie. Le bateau était franchement confortable et, mis à part ce problème de moteur, tout s'est bien passé.
Je craignais un peu le manque de sommeil qui va de pair avec les quarts de nuit, mais finalement, cela aussi s'est bien passé. On s'habitue à dormir par tranche de quatre heures et de se réveiller à trois heures du matin. Et puis, les étoiles et la lune nous tenaient compagnie, c'était si beau...
Nous avons fêté comme il se doit le passage de l'équateur avec beaucoup de photos et l'ouverture d'une bouteille de champagne. Nous posterons les photos quand ce sera possible.

Hier matin, nous sommes arrivés dans la brume et la bruine. Pas très accueillant, mais nous avons senti pour la première fois depuis des jours une odeur de mousse et de forêt. Quel bonheur ! Et puis, deux otaries sont venues nous dire bonjour et nager quelques minutes autour du bateau. Nous étions réellement mortes de fatigue en arrivant car la dernière nuit n'a pas été facile. Heureusement, une fois le bateau mouillé sur du sable blanc, notre agent, qui nous aide à faire les formalités, est venu récupérer nos passeports. Nous avons dormi un peu en attendant la visite des autorités qui devaient nous accorder le droit de rester aux Galapagos. Nous avions peur qu'ils nous refusent le droit de nous déplacer dans les îles. Nous avions lu toutes sortes d'histoires sur toutes sortes de blogs qui ne nous rassuraient pas vraiment. Mais finalement, un homme a ouvert toutes nos cales sous le regard vigilant de Joya pour finalement nous dire que tout était en ordre, trois autres s'échangeaient des feuilles et des signatures dans le cockpit et notre agent essayait misérablement de me faire dire trois mots en espagnol (en l'occurence, si, no et gracias). Si je me débrouille franchement bien en anglais, l'espagnol c'est la catastrophe. Heureusement que Joya est là pour baragouiner quelques phrases.
Une fois tout ce beau monde parti en nous délestant de mille dollars, nous nous sommes assises dans le carré et avons réalisé que, oui, nous l'avions fait. J'ai subitement senti un énorme poids se lever de mes épaules et j'ai réalisé à quel point cette traversée m'avait épuisée. Les responsabilités étaient lourdes et, si je n'ai pas eu de problèmes à les supporter pendant toute la traversée, j'étais soulagée d'être arrivée.
Joya n'avait pas beaucoup dormi la nuit de notre arrivée et c'est avec un immense bonheur que nous sommes allées au lit pour une nuit (entière !) de sommeil.

Du peu que nous en avons vu, les Galapagos sont magnifiques. Nous voyons tout le temps des surfeurs aller profiter des superbes vagues de l'entrée de la baie. Dans la ville, au moins cinq magasins des plongées offrent des sorties en promettant des poissons magnifiques et de pouvoir nager avec les otaries. J'ai hâte d'aller me baigner. Malheureusement, l'eau n'est pas chaude... 23oC, cela va être tonique

Alors voilà, cela fait exactement 3h41 que nous sommes devant deux ordis espagnols dans un cybercafé (vous excuserez le manque de c cédille). Cela va nous coûter cher, mais cela vaut le coup. Joya a profité de parler avec Thibault sur skype et moi de répondre à des mails. Des nouvelles du monde ! Yes !

Nous allons maintenant chercher un petit resto pour manger un truc et nous balader encore un peu.

A bientôt !

De Panama aux Galapagos

Alors, le Pacifique, c'est comment ? Ben... c'est étonnant. Différent... Mais d'abord, que je vous raconte cette jolie traversée en quelques mots.

Jolie ?! Et pourtant, on lit et on entend toutes sortes de choses inquiétantes à propos de la route entre Panama et les Galapagos. C'est de réputation une route plutôt difficile contre vents et courants dominants, au cours de laquelle on doit traverser la ZIC, le redoutable pot au noir où le vent tombe pour faire place aux orages, aux grains, aux calmes interminables. En ce qui nous concerne, nous avons eu de la chance: la zone de convergence intertropicale est restée très nord, à la latitude de Panama. En plus, un vent de nord bien soutenu  nous a poussé pendant 4 jours jusqu'aux environs de Tumaco, à la frontière entre la Colombie et de l'Equateur. J'avais décidé de ne pas suivre une route directe, mais de descendre plein sud en laissant le caillou de Malpelo à l'ouest, puis de tourner à droite vers les Galapagos dès que la direction du vent nous l'imposerait. C'est exactement ce qui s'est passé.
 Sir Ernest s'est retrouvé au près serré, babord amures, dans une mer presque lisse. Pas de méchante ZIC pour nous cette fois, juste un jour de vent faible pendant lequel nous avons barré car le moteur était en panne. Puis 6 jours de navigation sur le même bord, cap plus ou moins au 240, sauf un jour de pluie battante dans le brouillard, vent arrière.
Ce jour-là, soudain, un bateau de pêche colombien a surgi de la brume, espèce de fantôme avec ses espars dressés vers le ciel, puis il a disparu comme il était venu.
J'avais lu pas mal de choses pour préparer cette traversée, car elle peut se révéler cauchemardesque lorsque le vent contraire s'additionne au courant.
J'ai notamment utilisé les cartes de courants du site OSCAR, l'organisme de la Noaa qui archive et répertorie les courants marins dans le monde entier (http://www.oscar.noaa.gov/datadisplay/oscar_datadownload.php). A Genève, j'ai imprimé les cartes de courants de 2013 pour janvier et février et les ai utilisées comme des pilot charts, c'est à dire comme aide à la décision. Ces indications se sont révélées très fiables. L'incurvation du courant vers le nord à partir de 88-89 degrés de longitude W est  manifeste. Nous n'en avons pas souffert, ou assez peu, car nous avons navigué au moteur le dernier jour pour faire route directe vers San Cristobal.
Une navigation plutôt facile, donc.
Et le Pacifique alors ? Pas très différent de l'Atlantique entre Panama et la latitude de Tumaco - notre virage à l'ouest. Mais ensuite: une mer avec de grandes ondulations, la houle du Pacifique sud. Une mer souvent noire, avec des lumières incroyables. Une mer dont la température n'a fait que baisser en se rapprochant de l'équateur (euh... cherchez l'erreur ?) - la faute au célèbre courant de Humbolt. De nouveaux oiseaux qui ne vivent que dans ce coin du monde - fous à pattes rouges, fous bruns, mouette de Sabine, pétrel de Thethys;
Et aujourd'hui, nous sommes arrivées aux Galapagos ! Il y a des moments de pur bonheur...


Arrivées aux Galapagos

Juste un mot en vitesse pour vous dire que Sir Ernest est arrivé hier aux Galapagos, et que maintenant notre équipage féminin de choc (Joya et Mahaut) récupère. Des nouvelles fraîches sur cette page dans pas longtemps !
Th.

mardi 21 janvier 2014

Des frayeurs pour le moteur...

Samedi, alors que le moteur tournait depuis une demi heure, il est soudain monté en régime et lorsque nous l'avons mis au point mort, il s'est arrêté brusquement. Autant vous dire que ce n'était pas du tout normal.

Même sur un voilier, un moteur est absolument essentiel et nous avons donc été un peu paniquées à l'idée de nous retrouver au milieu du Pacifique (ou plutôt au bord du Pacifique) sans moteur qui fonctionne. La nuit est rapidement tombée et, comme il n'y avait pas de vent et que nous n'avions plus aucun moyen d'avancer, nous avons simplement laissé le bateau comme ça, en attendant la lumière du jour et le vent qui devait se lever. Nous avons envisagé revenir sur le continent, mais cela aurait été encore plus dangereux que de continuer vers les Galapagos car nous avons peu de cartes de détail de l'Equateur et de la Colombie.

Le lendemain, nous avons continué à la voile et attendu que la mer s'aplatisse pour pouvoir examiner le moteur. Grâce à Thibault au bout du téléphone satellite qui nous rassurait et nous aidait à comprendre ce qui s'était passé, hier, nous nous sommes occupées du moteur. Nous avons purgé le circuit de fuel car il était probable qu'une saleté aie bouché le conduit, provoquant la panne. Avec angoisse, nous avons tenté de démarrer le moteur, et ça a marché ! Nous avons traité Mr. Perkins avec le soin d'une maman pour son bébé et nous avons finalement tenté d'avancer au moteur. Je ne veux pas nous porter malheur, alors je ne dirai pas que tout va bien, mais disons qu'une grosse partie de la pression s'est atténuée.


Dans des moments pareils, il est essentiel de garder le moral pour ne pas sombrer dans la panique ni dans le désespoir. Nous avons donc tenté de relativiser le plus possible : il faut bien qu'il nous arrive des crasses de temps en temps, sinon ce ne serait pas drôle et nous n'aurions rien à raconter !. Et nous avons essayé de nous occuper de nous et de nous faire du bien. Ainsi, nous nous sommes accordé le luxe de regarder un épisode d'une série sur l'ordi de Joya (Homeland, pour les curieux), ce qui m'a personnellement remontée à bloc. Puis, nous avons profité d'une pleine nuit de sommeil, nous nous sommes préparées de bons plats et, pour fêter la mi-traversée avec un peu de retard, nous avons fait des bananes flambées absolument succulentes.

Nous faisons donc route vers les Galapagos, à la voile pour le moment, avec des conditions franchement bonnes et avec le coeur bien plus léger que les derniers jours !

Pas de raison de se laisser abattre !
Mahaut

jeudi 16 janvier 2014

En route pour les Galapagos

Nous écrivons cet article par le biais d'iridium, le mail par satellite. En réalité, nous allons désormais envoyer des mails à Thibault qui se chargera d'indiquer notre position sur la carte et de poster les messages.

Joya et moi sommes parties mardi à huit heures du matin en direction des Galapagos. A cause du vent et des courants, nous ne pouvons pas faire route directement sur les îles. Nous allons naviguer plein sud jusqu'à l'équateur puis virer pour rejoindre les Galapagos.

La traversée a très bien commencé. Le premier jour, nous avons vu de magnifiques dauphins tachetés, la lune a éclairé comme en plein jour nos quarts et une espèce de mouette a élu domicile en haut du mat d'artimon, sur la bôme et pour finir, sur le roof, ce qui semblait encore être le plus confortable. Ce n'est pas la première fois qu'un oiseau profite de Sir Ernest pour faire une petite pause pour la nuit.

Pour les quarts, je commence à sept heures et veille pendant trois ou quatre heures, Joya reprend jusqu'à deux heures du matin et je me réveille pour à nouveau trois ou quatre heures de quart. Nous dormons aussi chacune la journée pour récupérer et cela à l'air de bien marcher pour l'instant. Heureusement, les conditions de vent sont bonnes et nous n'avons pas besoin de faire de grandes manoeuvres épuisantes.
En bref, tout se passe très bien pour l'instant. Touchons du bois !
Mahaut

mardi 14 janvier 2014

Photos pour le post sur les mouillages de Panama

Dans le post précédent, le texte de Joya aurait dû recevoir les illustrations suivantes:
- le va-et-vient délicat du ponton des annexes à las Brisas de Amador:

- la skyline de Panama City, capitale mondiale de l'immobilier de blanchiment d'argent:

- et quelques photos de plus prises pendant le passage du canal et sur le lac Gatun .

 Th.

lundi 13 janvier 2014

Mouillages à Panama City

Et après avoir passé le Canal, où allons nous nous ancrer ?
En sortant du canal, il y a trois possibilités.
Le Balboa Yacht Club, le mouillage de Playita et celui de Brisas de Amador.
Le yacht club était notre premier choix, car c’est à cet endroit que nous avons laissé Eric, les pneus, Solenn et Thibault et tout le bazar. Malheureusement, il n’avaient qu’une bouée libre qui nous a été fauchée sous le nez par le catamaran avec lequel nous avons transité.
Nous sommes donc allés nous ancrer à Playita pour la première nuit. De là, on peut entrer dans la marina pour accéder au ponton — et c’est là que nous avons récupéré Solenn et Thibault.
Petite parenthèse: il y a deux marinas à ce bout du Causeway, la grande digue qui relie la ville de Panama à 3 petits ilôts. Mais elles sont, de l’avis de tous ceux avec lesquels nous avons parlé et de tout ce que j’ai lu, hors de prix. Nous n’avons donc même pas essayé.

Le lendemain, nous avons fait le tour du bout de la digue — sur lequel il y a un sémaphore qui régule le traffic entrant dans le Canal côté Pacifique, et sommes allés nous ancrer à Brisas de Amador.  Belle vue sur les gratte-ciel de Panama City, wifi gratuit (grâce à mon antenne qui capte le réseau) auprès de Internet Para Todos.  Il y a plein de bateaux ancrés autour de nous, des bateaux de voyage, des pêcheurs.
Le seul truc un peu tugudu (mot familial pour dire tout ce qui est compliqué, bizarre, difficile) est le débarquement en annexe. Il faut amarrer son dinghy à un ponton flottant délabré et tout rouillé, puis grimper dans une barque minuscule amarrée à un va et vient grâce auquel on se tire jusqu’au bord. Acrobatique et périlleux... Une personne à la fois c’est préférable ! Les marches de pierre grâce auxquelles on accède au quai sont archi-glissantes, il faut faire attention.
Mais bon, comme je vous le disais... c’est l’aventuuuuuuure !

                                                                                                                     Joya


La traversée du Canal comme si vous y étiez

Sir Ernest est dans le Pacifique. Voilà, ça y est, nous sommes de l’autre côté !
Laissez-moi tout vous raconter, depuis le début.

Passage du canal de Panama, premier jour.

1. Le Flat
Nous avons quitté Shelter Bay marina à 14h, vendredi après-midi, pour nous rendre sur le Flat. Il s’agit d’une zone de mouillage qui se trouve près de la tour de contrôle et où nous attendons l’arrivée de notre transit adviser.  Il y a déjà trois bateaux ancrés: un grand ketch, un catamaran bardé de pneus et un gros yacht à moteur. A vue de nez le cata devrait être notre partenaire pour ce transit. Let’s see...

Une demi-heure après l’heure dite, une pilotine arrive à fond la caisse: elle dépose les advisers sur leurs bateaux.

Hello, I’m Santiago, I’m here to help you with the transit.
Ok, let’s go. You can start the engine.

C’est parti !

2. En route pour la première écluse
Il y a environ 6 milles jusqu’à la première écluse. Nous devons y être à l’heure dite,  c’est à dire 17h30 aujourd’hui, pas trop tôt pour ne pas faire inutilement des ronds dans l’eau et surtout pas trop tard. Nous croisons des cargos de très très près, nous nous faisons dépasser, c’est impressionnant.


3. Les écluses de Gatun
Ce soir, nous allons faire monter Sir Ernest en altitude ! Il y a trois écluses montantes, pour passer du niveau de la mer à celui du lac Gatun. Arrivant à la première écluse en fin de journée, nous finirons le transit dans la nuit noire.
Juste avant d’entrer dans la première écluse, nous nous mettons à couple avec le catamaran. Comme il a deux moteurs, c’est lui qui assurera notre propulsion. L’adviser à son bord a l’air très compétent, le nôtre est un capitaine de remorqueur très calme et rassurant. Nous sommens entre de bonnes mains.  Rien à faire d’autre que de suivre leurs instructions.


A bord, nous avons les 4 très grosses aussières  obligatoires, nous avons bardé Sir Ernest de 8 pneus en plus de nos pare-battages et nous avons embarqué Eric, un jeune handliner qui a déjà transité plus de 300 fois. Il est super attentif et efficace.  Je regarde ce qu’il fait et je l’imite. Reste malgré tout un petit pincement d’inquiétude.

Le cargo rentre le premier dans l’écluse (the chamber) aidé par un remorqueur. Une fois dedans, il sera tiré par des locomotives.  Vient ensuite le yacht à moteur,  qui s’amarre à la paroi de droite et enfin nos deux bateaux amarrés ensemble qui se placent au milieu de l’écluse. 
Vite-vite, sans perdre de temps, il faut attraper les pommes-de-touline lancées depuis en haut, y amarrer nos grosses cordes bleues et renvoyer le tout. 


A peine le temps de finir la manoeuvre que l’écluse se remplit. A toute vitesse, avec de gros remous, cela tire fort sur les taquets d’ammarrage !

Nous répétons la manoeuvre trois fois. Et c’est dans la nuit noire que notre adviser nous dirige vers la grosse tonne à laquelle nous allons nous amarrer pour la nuit.



Passage du Canal, deuxième jour.

Le lendemain matin, debout à 6 heures, à l’aube , car notre nouvel adviser est censé arriver à 6h 30. A l’heure dite, personne. Le temps passe. Toujours personne. Sur le catamaran on s’active: nettoyage du bateau au jet et séchage à la peau de chamois... c’est pas sur Sir Ernest qu’on ferait cela. Finalement à 8 heures, n’y tenant plus,  je réveille Eric qui dort toujours.  Il nous informe alors qu’il a eu hier soir un appel de Roy l’informant d’un changement de programme. L’adviser ne viendra pas avant 8h30...
Gasp ! Thibault et Solenn doivent prendre l’avion en fin de journée, ce retard ne me dit rien qui vaille.

1. Arrivée des advisers et traversée du Lac Gatun
Voici les advisers. Aujourd’hui c’est Franklin,VHF en bandoulière et air très concentré. 
On sent qu’il veut bien faire les choses. En route pour la traversée du lac Gatun, 25 milles de chenal  — c’est magnifique.  Paisible.
 
2. Les écluses de Miraflores
Cette fois, nous sommes devant un gros cargo très large, il touche presque les parois des écluses. Du coup les manoeuvres prennent du temps et nous piaffons d’impatience. La descente est beaucoup moins stressante que la montée. On a le temps de s’amarrer tranquillement, l’eau descend sans faire de remous, et en plus, c’est presque devenu de la routine.
J’apprends que tous les advisers sont des employés de la Compagnie du Canal, qui font ce travail sur leur temps libre. Ils n’ont pas vraiment le choix, c’est une condition d’engagement. Franklin travaille normalement dans un bureau, mais l’adviser de notre voisin est pilote pour les cargos. Nous sommes encore une fois dans de bonnes mains ! Et c’est sûr, ils connaissent leur affaire.

3. El Pacifico !
Les portes s’ouvrent et nous voici dans le Pacifique. La pilotine vient chercher Franklin, le cargo avec lequel nous avons partagé l’écluse nous dépasse, nous déposons Eric, les amarres, les pneus, Solenn, Thibault et leurs sacs sur une lancha à la zone de mouillage de Balboa... Il leur reste moins d’une heure avant le départ de leur vol, il faudrait un miracle. Soudain, il n’y a plus que Mahaut et moi à bord de Sir Ernest.


Nous avons failli commencer le voyage en nous plantant en beauté dans un banc de sable. Une marche arrière vigoureuse de Sir Ernest, pour une fois de bonne volonté, et nous évitons le pire – parce que bien entendu, nous sommes à marée descendante !
La nuit tombe rapidement et il nous faut trouver le mouillage de Playita, un peu plus loin au sud.  Nous mouillons un peu à l’aveugle dans la nuit noire. Petit calcul express: on est à marée basse, il y a 4 mètres de marnage, combien dois-je mouiller pour me sentir bien ? Facile ! 30 mètres...

Solenn et Thibault ont raté leur avion, ce qui était un peu prévisible. Retour en taxi depuis l’aéroport (40$ aller – 40$ retour....) et nous gonflons l’annexe pour aller les chercher au bord.  

Ha ha, c’est l’aventuuuuure !